Silence, ça bouge

Supportes-tu le silence?

Que fais-tu lorsque tu te retrouves seul(e)?

Ecoutes-tu le doux son de la musique qui te fait vibrer et fait tourbillonner tes pensées?

Regardes-tu un film ou bien te perds-tu dans les méandres des mots d’un livre et de ces pensées omniprésentes?

T‘occupes-tu constamment les mains avec un écran ou tout autre instrument?

As-tu fait l’expérience du silence et de la solitude des jours, des semaines, des mois durant?

Ne te mens pas à toi-même. Ne me mens pas. Que ressens-tu?

Ressens-tu ces sensations dans ton corps? Ton ventre se nouer et ton coeur se serrer au point de vouloir vomir de tes tripes cette solitude et ce silence extérieur?

Continue encore et encore. Exerce-toi pour trouver ce silence, cette paix intérieure que tu crois pouvoir trouver entouré(e) de tout ces êtres et objets mais que tu n’atteindras pas en leur présence.

Observes-tu ce mental envahissant qui te pousse à fuir cette solitude en appelant un proche ou en trouvant un substitut qui te fait te sentir moins seul(e)?

Qui es-tu lorsque tu vis pleinement cette solitude?

Est-ce que cela fait mal? Est-ce que cela est douloureux pour toi?

Qui es-tu lorsque tu es seul(e) dans le silence total que certain associe à tort au silence de mort?

Qui es-tu sans rien ni personne autour?

Combien de temps penses-tu tenir?

Penses-tu que cela soit supportable encore longtemps?

Retire toutes ces couches, laisse tomber tes filtres pour te recentrer sur toi afin de découvrir ta réalité profonde.

Oublie-le. Oublie-la. Oublie-les quelque temps pour te suffire à toi-même, le temps de faire ta connaissance et découvrir ce vaste champ de connaissance qui est en toi.

Qui suis-je sans l’autre? Comment me définir dans ma multiplicité? Comment te définir?

Qui es-tu sans eux et que veux-tu réellement?

As-tu commencé à emprunter ce long et périlleux chemin allant du mental vers coeur?

Crois-tu pouvoir survivre en expérimentant la solitude, le silence, ce que certain appelle le vide?

Il n’en est pourtant rien de cela car c’est en expérimentant cette solitude et ce silence que tu trouveras qui tu es réellement, que tu prendras conscience de ta valeur et de ta beauté.

C‘est le moment d’explorer tes parts d’ombre pour guérir de tes blessures du passé et de déployer tes ailes.

Quand bien même tu te sens seul(e) même en étant entouré(e), penses-tu réellement avoir fait l’expérience de cette solitude et de ce silence dont je te parle?

Certains préfèrent se complaire dans une vie inconfortable ou bien qu’ils considèrent confortable, mal accompagné(e) plutôt que d’expérimenter la solitude et le silence. Le déni, l’illusion, la peur.

Personnellement, je refuse l’ignorance et je me rends à l’évidence.

As-tu fais l’expérience de te détacher de tout ce à quoi tu es attaché(e)? Tes amis, tes proches et de la personne avec laquelle tu partages peut-être ton quotidien.

Oui, c’est terriblement inconfortable, cela bouge dans tous les sens puisque tu laisses progressivement tout remonter à la surface.

Cela prend du temps et cela demande beaucoup de patience.

Cela demande d’y faire face et surtout, de ne plus se voiler la face.

Ne résiste pas, libère-toi de tes conditionnements et de tout ce que tu crois savoir. Laisse-toi guider non plus par ta tête mais par ton coeur.

Il n’y a que le coeur qui sait. La tête, elle, ne sait rien; même si tu cherches à la remplir et te donner l’impression d’être « quelqu’un de bien ».

Laisse les bulles de la mare crever à sa surface, c’est la fermentation et le nettoyage qui opèrent.

Expérimente le silence, la solitude des jours durant et accueille tout ce qui se présente à toi sans jugement. Euphorie, joies, peines, tristesse, colère, culpabilité, peurs…Accueille ces émotions et ces sentiments; laisse-les s’exprimer peut-être par le chant, les cris, les pleurs ou le mouvement. Accueille-les seul(e). Même si cela ne fera que panser tes blessures et que cela ne les guérira jamais. Laisse ton âme crier ce qu’elle a besoin d’extérioriser. Libre à ton corps de s’exprimer.

Même si cela ne suffira pas, il s’agit pourtant du seul moyen pour toi d’accéder à la connaissance de toi-même.

Et ce n’est que le début du chemin.

Aucun cheminement n’est possible sans cette expérimentation de la solitude et du silence dont je te parle.

Oublie tes points de repère et peut-être accèderas-tu progressivement à cet isolement, ce détachement de tout tes liens, la libération ou « l’esseulement » qu’on appelle en sanskrit « Kaivalya ».

C‘est cela mon yoga. C’est cela ton yoga.

Dépasse le champ de l’expérience pour atteindre la connaissance ultime. Détache-toi de toutes ces couches qui recouvrent ton être et de tes liens en accueillant ton propre silence dans le tourbillon de la vie. C’est là que tu observeras l’accomplissement de ton être et le retour à ton essence.

Crois-tu en être capable?

Silence, ça bouge.

 

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