Comment se libérer du regard de l’autre et du jugement ?

Comment se libérer du regard de l’autre et du jugement ?

Vaste programme me direz-vous ? Peut-on vraiment se libérer du regard de l’autre ? Oui et non, je t’explique pourquoi ici, selon mon point de vue.

Observer les nuances

A dire vrai, je crois que nous avons un gros problème dans notre société, nous avons une vision trop simpliste de l’être humain. Je vous dis souvent que je ne suis pas une adepte de la pensée manichéenne. Pour moi, tout n’est pas tout noir ou tout blanc, il existe des nuances. En effet, lorsque nous avons la capacité de pouvoir regarder ces nuances, alors nous vivons beaucoup plus sereinement (à mon humble avis).

Cette vision très simpliste de l’être humain dont je vous parle ici nous amène à vouloir nous définir, à tout mettre dans des cases, et donc, à nous cloisonner, à nous fermer des portes et, par conséquent, à nous rendre malheureux.

Pourquoi je vous partage cela aujourd’hui ? Vous allez probablement comprendre mon raisonnement au fur et à mesure de la lecture de cet article.

J’ai observé récemment sur les réseaux sociaux beaucoup d’exemples de visions de l’être humain que je qualifierais de « simplistes ». J’ai aussi vécu une expérience dernièrement qui m’a fait cogiter et repenser à cela. Ces questionnements m’ont menée tout naturellement à répondre à cette question : peut-on se libérer du regard de l’autre et du jugement ?

L’interview

J’ai récemment été interviewée par une journaliste pour parler de mon expérience et de mon expertise à propos l’acné. Sur le moment, j’étais « à fond », très fière et heureuse de partager mon histoire avec cette jeune femme. J’étais sincèrement ravie de lui partager mon point de vue sur le sujet. Évidemment, tout être humain adore parler de son expérience. Et en ce qui me concerne, j’estime que cette dernière peut être utile à nombre de personnes qui souffrent de problèmes de peau.

Après avoir raccroché, l’euphorie redescendue, j’ai relativement mal vécu cet échange. J’ai d’ailleurs laissé un message à Manon, ma collaboratrice, qui est également devenue une amie chère à mon cœur. Je lui disais qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas, je ne me sentais pas du tout à l’aise après cette conversation. Quelque chose m’avait dérangé et je n’arrivais pas à exprimer quoi à chaud.

J’ai donc cogité pendant le week-end et je me suis rendue compte que parler de moi sous le prisme d’une thématique m’avait posé un gros problème. D’abord, cela m’a confirmé que je n’aime pas spécialement parler de moi. Je préfère écrire, comme je le fais ici.

Mais surtout, si je dois parler de moi, uniquement au sujet de l’acné, cela me dérange. En effet, parce que cela me renvoie à une partie de mon histoire, à une souffrance que je ne pourrai jamais oublier, même si elle m’a profondément transformée. Enfin, parce j’estime qu’Alexandra Vignon ne se définit pas uniquement par : acné, problèmes de peau et anxiété.

Se définir

Non, je ne suis pas seulement qu’une « ancienne acnéique », experte des problèmes de peau, ma vie ne tourne pas seulement autour de cela. Je suis aussi cette Alexandra, entrepreneure, qui a enseigné l’histoire-géo, le yoga, la Rock n’Roll girl, métal addict, nature lover, féministe dans l’âme, fan d’arts avec un grand A et de culture, orientaliste à ses heures perdues, yogi baba, fan de séries, de thrillers, de philosophie, de jeux de société et j’en passe.

Conflit de valeurs

Pourquoi ai-je donc mal vécu cette expérience ? Pour plusieurs raisons. La première est celle que je viens d’évoquer ci-dessus. La seconde raison, c’est parce que lorsque je souffrais d’acné, j’étais en conflit avec moi-même. Je niais une, voire, de nombreuses parties de moi-même et je m’enflammais de l’intérieur. Je ne me sentais pas bien dans ma peau.

Mon corps était ma prison.

Je vous ai probablement déjà expliqué cela. Lorsque je baignais dans le milieu du yoga, je taisais mon amour pour la musique métal, dite « extrême », parce que je n’avais pas envie d’être jugée comme je l’avais été auparavant, parce que je ne rentrais pas dans les critères de certain. Oui, j’ai été jugée par bon nombre de personnes dans le milieu du yoga. Et c’est fatiguant de se sentir juger à la longue.

Lorsque j’étais plus jeune, j’ai également beaucoup souffert de moqueries ou de remarques qu’on a pu faire sur moi, mon style et mon physique. Si tu me lis depuis un moment, tu sauras probablement de quoi je parle. Je me souviendrai toujours de cette remarque : « tu n’es pas une gothique, tu n’es pas une skatteuse, tu es aussi élégante, tu es un mélange de tout cela, c’est difficile de te mettre dans un genre ».

Et oui, difficile de m’attribuer un genre puisque j’étais simplement moi.

Oui, les êtres humains ont besoin de tout catégoriser pour se rassurer. Ma différence m’a souvent amenée à être marginalisée, voire même à être admirée. Mais moi, je ne cherchais pas tout cela, c’est pourquoi je me suis souvent isolée dans ma vie. Je souhaitais seulement qu’on m’accepte telle que j’étais sans sous-entendus et sans remarques maladroites.

C’est pourquoi, lorsque j’ai dû parler de moi à cette adorable journaliste, réduire mon parcours à un nombre de signes qui tournaient seulement autour de l’acné m’a mise extrêmement mal à l’aise.

D’ailleurs, lorsque je lui ai partagé cette anecdote du yoga et du métal, cela l’a fait rire et elle m’a dit que c’était en effet surprenant.

J’ai eu la sensation qu’on me remettait à nouveau dans une case.

Atypique et multipotentielle

Suis-je atypique ? Je ne le crois pas. Suis-je multipotentielle ? Je n’en suis pas certaine non plus.

Je pense sincèrement que de nombreuses personnes aiment, comme moi, des choses diverses mais qu’elles n’osent pas en parler par peur d’être jugée. Ce que je comprends totalement.

Je crois aussi que les personnes qui cherchent à se définir, s’excluent volontairement du reste du monde. Pourtant, nous sommes si nombreux à vouloir combattre l’exclusion dans notre monde (le racisme, l’homosexualité, la précarité, etc.) !

Toutefois, en se définissant yogi, chamane, coach, riche, modeste, précaire, thérapeute, bienveillante, zèbre, lesbienne, métalleux, vegan, ou que sais-je, nous nous fermons volontairement des portes. Quel paradoxe.

Pourtant, en tant qu’anthropologue (oui, je prends le parti de me définir puisqu’il s’agit d’une de mes casquettes qui me permet de voir le monde autrement), j’ai appris ce que cela représentait pour l’être humain de se définir.

Se définir c’est justement appartenir à un groupe, trouver sa tribu, trouver ses causes, et c’est aussi super excitant de se battre pour des causes ! Cela donne un sens à sa vie !

Mais à quel point se définir nous rend-il meilleur(e) dans un monde si fragilisé et incertain ?

Faire tomber le masque

Dans la philosophie du yoga, de mon point de vue, du moins de la perception que j’en ai, je crois qu’une des intentions est justement de sortir de ces définitions, de ces cases, de ces désirs d’absolument « Être » qui mènent un individu à se chercher sans cesse, à cet isolement et au mal être.

L’idée d’une des branches de la philosophie du yoga serait de devenir « Un »  et de vivre pleinement l’amour inconditionnel pour nous inviter à regarder la différence et à l’accepter. En d’autres termes, sortir des cases, arrêter de se définir et à accepter que nous changeons toute notre vie.

Lorsque nous essayons de retenir ce qui bouge…

pour que rien ne change et vienne ébranler notre âme…

que nous nous rendons compte qu’on ne rentre plus dans cette case qui nous étouffe mais qu’on s’acharne à y rester…

cela fait en réalité beaucoup plus de mal que de laisser aller…

Mes œillères

Durant toutes les années pendant lesquelles j’ai rencontré des tas de maîtres et de yogis en Inde et en France, j’y ai vu du formatage, tous vêtus de blanc, comme s’ils niaient leur personnalité pour se fondre dans la masse, jusqu’à perdre leur identité propre.

Pourtant, moi qui ai étudié les textes de la tradition sanskrite du yoga, je dois avouer que je me suis littéralement plantée d’interprétation.

Tout simplement parce que je n’étais pas prête à faire ce travail. Je n’étais pas prête d’arrêter de me définir. Je n’étais pas prête à accepter les différences et de voir les nuances du monde. Je n’étais pas prête à écouter l’autre.

Je pensais qu’en portant ce vêtement blanc je nierai toutes les parties de moi-même.

Je n’étais pas prête à faire tomber mon masque et à arrêter de me définir sans cesse, à tenter de me mettre dans une case.

En réalité, j’avais la chance de savoir qui j’étais, mais mon égo prenait trop de place pour reconnaître que je n’étais pas si différente des autres.

En me définissant, je me mettais en position de supériorité vis-à-vis des autres. J’étais incapable de me mettre dans la position de l’apprenant, à ne plus juger.

Je pensais que je savais beaucoup de choses parce que lisais beaucoup, je n’étais pas tolérante et clairement pas aussi altruiste que je le pensais.

Crédit photo : Olga Guryanova

Chemin de guérison

En réalité, j’ai appris que plus nous cherchons à « Être », plus nous cherchons à nous définir. Dans cet état d’esprit, nous jugeons les autres et nous nous excluons dans un monde où nous cherchons justement à combattre l’exclusion.

Je me suis rendue compte que c’était un non-sens total et que je serai constamment en conflit avec le reste du monde si je continuais à tenter de me définir.

Dans ce cheminement, dans ce travail de connaissance de moi-même, j’ai décidé que j’étais simplement moi, Alexandra, que je m’acceptais, m’aimais et m’honorais avec mes contradictions.

Oui, je suis capable de sortir en sarouel, comme de m’habiller de façon très élégante. Oui je peux aller à un concert de métal, boire des bières et faire le pitre. Oui, le lendemain je peux partir pour un stage de yoga dans une jolie villa au bord de la piscine et boire des tisanes détox avec des femmes que je ne reverrai probablement pas. Ou pas, d’ailleurs.

Nous avons une vision beaucoup trop simpliste dans un monde de complexités.

Dans cette vision simpliste, on cantonne les gens à avoir un métier, une passion, une sexualité et une fonction familiale. Mais chaque être humain a de multiples facettes qui représentent justement ces divers traits de personnalités. Et c’est justement cette richesse qui fait notre monde.

Pluralités de réalités

Dans une vision simpliste de l’être humain, on nie sa complexité et ses multiples facettes en réduisant un être humain à une seule facette.

Et histoire de compliquer un peu les choses, chaque être humain a sa propre perception de la réalité.

C’est quelque chose que l’on observe dans les appels à témoins lors d’un accident de voiture (bon, ok, là je commence par un exemple quelque peu traumatisant mais cela illustrera bien mon raisonnement). Certaines personnes verront une couleur de voiture, puis une autre personne en verra une différente. Certains témoins entendront des bruits que d’autres n’auront pas entendus ; certains seront sûrs des chiffres de la plaque d’immatriculation, d’autres pas…

On le voit également dans des situations plus « banales » de la vie quotidienne. Par exemple, imaginons que nous allions boire un verre ensemble.

J’aurais peut-être prêté attention à des détails que tu ne verras pas : la musique, le mobilier, le tee shirt du serveur ; quant à toi, tu te rappelleras peut-être des personnes assises à côté de nous, des odeurs, de la couleur des murs, tandis que moi pas.

Les conditionnements de notre cerveau

Selon le neuroscientifique Joe Dispenza, dans son livre Evolve your brain: The science of changing your Mind (2008), notre cerveau traiterait environ 400 milliards de bits d’informations par seconde. Cependant, seuls 2000 de ces bits de données parviendraient à notre conscience (soit seulement 0,000001 % !). Oui, beaucoup d’informations passent à la trappe !

Notre perception de ce qui est vécu ou ressenti (consciemment) passe par en effet d’abord par nos sens, et c’est ensuite notre cerveau qui traite les informations. Et la perception diffère d’un individu à un autre.

Revenons sur quelques bases à propos de l’évolution de notre cerveau et de ses fonctionnalités :

  • Le néocortex n’aurait que 3,6 millions d’années. Il permettrait notamment le raisonnement logique, le langage et l’anticipation des actes.

  • Le système limbique est apparu il y a 65 millions d’années avec l’apparition des premiers mammifères. Il est impliqué dans la mémoire, les émotions et contrôle les réactions d’alarmes et de stress.

  • Le cerveau reptilien, archaïque et primaire aurait environ 400 millions d’années. Il remonterait à l’époque où les poissons sortirent de l’eau et devinrent batraciens.

Un individu filtre selon son vécu et selon sa mémoire. C’est la raison pour laquelle, pour le même contexte, l’expérience vécue sera différente. En fait, on filtre la réalité par rapport à nos croyances conscientes et inconscientes.

Par exemple, si tu souffres d’acné, ou que tu es mal dans ton corps, tu feras très attention aux peaux et aux corps des autres. C’est logique, c’est ton histoire, ta mémoire, tes traumatismes. Alors qu’une personne bien dans son corps ne portera nullement attention à cela.

Crédit photo : Karl Fredrickson

Le poids du patriarcat

Même si ces complexes et ces traumatismes existent également chez les hommes, c’est beaucoup plus fréquent chez les femmes. En effet, nous avons un poids à porter depuis très longtemps à propos de l’image que nous renvoyons dans cette société patriarcale.

A ce sujet, j’ai regardé récemment La Chronique des Bridgerton, la série Netflix adaptée des livres de Julia Quinn qui met très bien en avant cette problématique.

Au 19ème siècle, au moment de la régence anglaise, l’auteure nous fait entrer dans l’intimité d’une famille londonienne. On y observe la pression que vivent les femmes au quotidien dans leur apprentissage et le respect des règles de bienséance pour bien paraître dans la société. Toute une éducation est scrupuleusement mise en place pour que les femmes soient obligatoirement mariées (à un homme évidemment) et préparées à la vie de femme au foyer.

Les hommes y trouvent également leur lot de pressions. Mais on va s’intéresser spécifiquement aux femmes qui paient un plus lourd tribut : impossible pour elles de renoncer au mariage, à se faire enfanter et d’envisager une carrière professionnelle.  Elles n’ont pas le choix, elles y sont contraintes dès leur naissance.

Les femmes sont donc préparées physiquement, mentalement et matériellement toute leur enfance et leur adolescence à être mariées au meilleur parti et à être les concurrentes des autres femmes.

Ne nous demandons donc pas pourquoi tant de souffrance perdurent aujourd’hui et pourquoi les femmes peuvent être jalouses et se comparer aux autres. Cette pression sociale est ancrée dans nos gènes. Regardons le parcours de nos mères. Ne sont-elles pas en grande partie dépendantes de leurs époux ?

La haine du corps

Mais surtout, les femmes étaient jugées sur leur physique et leur beauté.

A dire vrai, j’ai l’impression que c’est quelque chose dont nous avons beaucoup de mal à nous sortir. En effet, le culte à la beauté prospère via les réseaux sociaux et le matraquage publicitaire mettant constamment des femmes répondant à des standards de beauté.

Pourtant, il faut bien reconnaître que si nous écoutons attentivement ces femmes qui posent pour les campagnes publicitaires, il est évident que ce culte à la beauté cache une véritable haine du corps et alimente une anxiété permanente pour toutes les femmes.

En ce qui me concerne, je mentirai si je disais que je ne le vivais pas mal moi-même.

J’ai souvent des difficultés à me réconcilier avec mon corps lorsque je vois en permanence les peaux et les corps « parfaits » qui sont mis en avant dans la publicité. Je ne réponds en effet pas à ces standards.

Quand j’observe les commentaires des personnes qui critiquent les physiques des uns et des autres (notamment des personnes qui s’exposent) sur les réseaux sociaux, je me dis que nous vivons dans un monde où de nombreuses personnes sont malheureuses. Mais si elles attachent tellement d’importance au physique et à la beauté plastique, c’est que quelqu’un les y a probablement poussées d’une manière ou d’une autre.

Si elles ont un regard si dur envers les autres, quel regard portent-elles donc sur elles ? J’ai beaucoup de compassion pour ces personnes car je sais qu’elles souffrent également.

C’est la raison pour laquelle, je me montre peu. Je ne veux pas participer à cela. A la fois pour me préserver de ces « haters » malheureux, mais parce que j’estime qu’on peut produire quelque chose d’intéressant sans pour autant être assimilée à un « physique ».

J’ai à cœur, surtout en tant que femme, d’être reconnue pour ce que je produis et le message que je souhaite porter au plus grand nombre, non pas être assimilée à un physique.

Dans un monde où la règle est justement de se montrer pour inspirer, je peux vous assurer que c’est un marathon. Il faut avoir pleinement la foi en ce qu’on fait ! C’est un équilibre pas évident à trouver. Mais j’ai la foi en ce que je fais.

Oui, il m’arrive de me chamailler avec mon corps, de le juger de ne pas être suffisamment comme-ci ou comme cela.

Mais avec l’expérience, j’ai appris à être bienveillante et à le / me pardonner.

J’ai appris à le remercier de me rendre présente au monde chaque jour.

J’ai appris à le remercier malgré tout ce qu’il a pu subir, à le respecter et à le chérir autant que je peux.

Moi aussi, j’ai connu la haine du corps, je ne veux plus perdre mon énergie là dedans. Il semblerait donc que je sois devenue une anxieuse apaisée.

Mon corps a une grande place dans ma vie. J’estime que mon rapport à ce dernier est directement lié à mon état mental puisqu’il n’existe pas de dichotomie entre les deux. En effet, lorsque je ne prenais plus soin de lui, de moi, lorsque je ne m’entretenais plus, que je me trouvais laide, c’est justement quand je me sentais le plus mal dans ma peau.

L’amour et l’estime de soi passe également par l’amour du corps ; et c’est également notre rapport au corps qui régit notre confiance en nous-même.

Mais cet amour du corps et cette confiance en moi, c’est un trésor que je trouve uniquement à l’intérieur de moi-même, pas à travers le regard extérieur. Si je me juge, cela ne regarde que moi. Si je te juge, cela ne regarde encore que moi, et cela n’a rien à voir avec toi. C’est toujours une histoire de moi à moi.

Crédit photo : Rodolfo Sanches Carvalho

Le mécanisme du jugement

Quand quelqu’un nous juge, cela nous ramène souvent à notre enfance, plus particulièrement au moment de l’école. Celui qui évalue, le professeur, est celui qui donne la valeur. Si tu as une bonne note, tu es donc un bon élève.

En effet, on nous a appris que notre valeur ne venait pas de nous-même, de l’intérieur de nous-même, mais depuis l’extérieur. Ainsi, c’est l’extérieur qui valide si nous sommes bons ou pas. Et puisque j’ai intégré cela, je suis aussi, celui qui donne de la valeur sur l’extérieur.

C’est quelque chose que l’on observe aussi dans le milieu de l’entreprise, on attend la validation de son supérieur, c’est lui qui nous donne de la valeur. Et on attend également la même chose de ses parents.

Inconsciemment, nous allons donc chercher la validation et notre valeur à l’extérieur pour se prouver que nous sommes bons. Cela se voit aussi bien dans la recherche du nombre de « likes » sur les réseaux sociaux, ou dans l’attente des remarques agréables de nos proches : « tu es beau », ou « trop belle ta nouvelle coiffure ».

Finalement, ce n’est qu’une satisfaction instantanée qui ne nourrit pas de l’intérieur. Le problème, c’est que nous ne pouvons pas attendre constamment la validation depuis l’extérieur, parce que si nous sommes dans cette attente perpétuelle, nous finissons par devenir malheureux.

Et quand bien même nous recevons cette validation de l’extérieur via nos proches ou notre communauté, cela posera problème à un moment donné de notre vie. Qui n’a pas déjà entendu ou rencontré des personnes à qui on vante leur beauté et leur intelligence (et qui ont tout pour être heureuse), mais qui se sentent vides et malheureuses ? Elles sont malheureuses parce qu’elles ne sont pas capables de se donner leur propre valeur depuis l’intérieur d’elles-mêmes.

Apprendre à s’aimer, c’est cela. C’est savoir s’honorer soi-même en se donnant de la valeur. Encore faut-il avoir envie de le faire, mais c’est un autre sujet…

La perception de l’autre

« Tu es un haut potentiel, donc tu es intelligent ». C’est quelque chose que j’ai beaucoup entendu lors de mes coachings. Du moins, c’est quelque chose que mes coachées ont beaucoup entendu au cours de leur vie et qu’elles m’ont répété.

Par conséquent, tu crois que tu es cette intelligence et tu dois absolument te démarquer et le démontrer au yeux du monde. En vérité, celui qui t’a donné cette valeur, souvent un proche, ne t’a pas du tout rendu service parce que tu vas ainsi mettre en place des mécanismes pour faire plaisir aux autres et essayer de montrer par tous les moyens que tu es intelligent(e).

Puisque tu as appris que la valeur ne vient que de l’extérieur, tu ne peux pas reconnaître ta propre valeur. Tu ne sais donc pas quelle est ta valeur… C’est le problème de la majorité des personnes que je coache, elles ne savent en effet pas quelles sont leurs valeurs. C’est souvent la raison pour laquelle elles tombent malades.

De mon côté, c’était pareil. On ne m’a toujours fait passer pour la « tête » de la famille, celle qui ferait de longue études. Je n’étais pas l’artiste de la famille ou la créatrice de la famille, non, j’étais la « tête sérieuse ».

On a placé beaucoup d’espoir sur moi. Bonjour la pression… J’étais coincée dans cette définition de moi et j’avais très peur de l’échec. Je ne suis pas étonnée d’être tombée malade si jeune. Je n’en avais même pas conscience à dire vrai.

Notre cerveau, notre meilleur ennemi

Être en mesure de s’évaluer de l’intérieur, nous-même, sans passer par l’approbation extérieure est très inconfortable pour notre cerveau. En effet, il fuit par tous les moyens l’inconfort, comme je te l’ai expliqué dans plusieurs de mes articles.

En fait, pour notre cerveau, l’évaluation intérieure, c’est se passer de l’évaluation extérieure ; et c’est donc se couper du lien avec les personnes qui adhèrent à cette évaluation. Se couper du lien de ces personnes, c’est se couper de l’amour. Et pour l’inconscient, se couper de l’amour est synonyme de mort.

Qu’est-ce qui rend donc les êtres humains interdépendants ? C’est justement l’amour ! C’est la seule chose qui nous fait sortir de notre lit le matin : l’amour qu’on éprouve pour une personne, pour un métier, pour un objectif, pour une cause…

Se couper de l’amour

Notre inconscient fera donc tout pour éviter de se couper de ce lien qui est perçu par notre cerveau comme la référence. C’est pourquoi, notre cerveau fera tout pour éviter de se donner de la valeur depuis l’intérieur. Ainsi, vous comprenez pourquoi il n’est absolument pas facile de se sortir du regard de l’autre, n’est ce pas ?

En ce qui me concerne, je pense que le regard de l’autre est utile, parce qu’on a besoin d’aimer et de se sentir aimer pour vivre. C’est donc une bonne chose d’appartenir à des groupes qui partagent des valeurs communes avec nous ; et c’est encore mieux d’accepter aussi que nos intérêts et nos valeurs changent avec le temps. Oui, j’en reviens toujours à ce fameux concept d’impermanence des choses.

Mécanismes de défense

Avec mes casquettes de thérapeute, coach et formatrice, j’observe souvent plusieurs types de mécanismes de défense. Je vais t’en partager un ici.

Certaines personnes vont tomber dans un extrême inverse et ne s’accorder que de l’attention à elles, s’affranchir de l’évaluation extérieure et ne se faire confiance qu’à elles.

En adoptant cette posture, elles se coupent totalement du lien avec les autres ; ou alors, elles trouvent des personnes qui partagent cette même expérience et s’enferment dans un microcosme en rejetant tous ceux qui pensent différemment.

Selon moi, c’est une erreur, car en pensant qu’elles savent mieux que tout le monde, que personne ne les comprend, qu’elles comprennent tout le monde, qu’elles peuvent influer sur ce que pensent les autres, ou qu’elles pensent à la place des autres, elles vont en fait tout droit vers l’épuisement psychologique en jugeant sans parfois même s’en rendre compte. Ainsi, elles s’isolent progressivement et se coupent de l’amour.

Il est alors impossible pour elles de trouver un équilibre et de s’affranchir au maximum du regard de l’autre.

S’inventer et / ou se réinventer

Selon mon humble avis, être en mesure de percevoir la complexité d’un être humain dépend de son éducation et de son cheminement personnel.

Derrière une seule perception, il y a en réalité une multitude de perceptions différentes selon qui nous sommes, notre histoire, notre éducation, nos rencontres et nos traumatismes.

Il en va de même pour notre propre histoire, on a parfois une perception de cette dernière qui change au fil du temps. Ne remarquez-vous pas que votre manière de parler de votre vie, des événements de votre vie changent au fil du temps ?

Nos attentes

En réalité, il n’y a pas de personnes « comme ci » ou « comme cela », il n’y a que des personnes qui ne correspondent pas à nos besoins et à nos attentes. Nous sommes tous comme le chocolat, nous avons un goût, certain aime le chocolat (comme moi), d’autre pas. Ce n’est pas pour autant que le chocolat est mauvais.

Je pense que la première chose à faire est donc d’accepter que les perceptions de chacun sont différentes. Et plutôt que de dire : « ça c’est mal, ça c’est bien », ou (quelque chose que j’ai entendu récemment) « le rap c’est nul, les rappeurs sont tous des misogynes » ; il est préférable de dire que le rap n’est pas une musique à ton goût qui ne répond pas à tes besoins et tes attentes.

Les gens qui aiment le rap ne sont pas tous pour autant des cons misogynes (des cons misogynes, il y en a partout, même dans le métal !). En revanche, si tu t’intéresses à l’humain, tu peux essayer de savoir ce qui plaît à la personne qui aime cette musique, laisse là s’exprimer avec ses mots et sa perception de sa réalité. C’est cela l’amour inconditionnel. Cela passe par l’altruisme et la tolérance.

A méditer

Oui, je crois qu’on a une vision du monde trop simpliste, trop manichéenne : bien / mal ; beau / laid ; et ajouter à cela le besoin d’appartenance et nos besoins de valorisation extérieure qui est perçue par notre cerveau comme « la référence » pour appartenir au monde ; on se ferme malheureusement beaucoup de portes, on se compare, on se juge, on se définit par des éléments extérieurs, on n’échange plus, on ne s’intéresse pas à la différence.

A dire vrai, cela me met parfois le cafard. Je suis parfois tiraillée entre les deux. Parfois je crois à un monde qui change, parfois je n’y crois plus.

Les commentaires des gens sur les réseaux sociaux qui ne prennent plus le temps de lire les choses et qui jugent tout en permanence en disent long sur la perception du monde de certain.

Trialité

En fait, nous vivons dans un monde scindé en plusieurs morceaux. Il y a d’un côté ces personnes que je viens de décrire brièvement. Et, de l’autre, un monde de personnes qui essaient de faire de leur mieux pour évoluer, devenir la meilleure version d’elles-mêmes.

Parmi ces dernières, certaines essaient en vain d’être la meilleure version d’elles-mêmes mais elles sont peut-être justement trop dirigées vers elles-mêmes. Nombreux sont ceux qui ne respectent même pas quelques règles de bienveillance comme s’intéresser à l’autre, notamment en disant : merci, bonjour, ou au revoir.

Il y a ces personnes qui veulent qu’on leur donne tout sur un plateau d’argent, sans ne faire aucun effort. Il y a ces personnes qui croient que tout leur est dû. Mais il n’en est rien de cela.

Ce que tu veux, tu dois aller le chercher, parce que personne ne le fera pour toi.

C’est d’ailleurs ce que nous observons avec mes collègues coachs et thérapeutes lorsque certaines personnes nous contactent parfois pour des coachings. Certaines personnes se permettent de ne pas se présenter à leur rendez-vous lors d’un appel découverte.

Pour d’autres, pour lesquelles nous prenons du temps pour leur expliquer notre manière de procéder, nous ne recevons même pas un « merci » en retour pour avoir pris de notre temps pour leur répondre. Vouloir travailler sur soi avec un professionnel qualifié c’est travailler avec un humain, non pas avec un robot ; vouloir travailler sur soi c’est prendre une responsabilité.

Par conséquent, c’est savoir respecter un cadre pour vivre de manière adaptée dans une société où nous devons justement respecter des règles pour vivre en harmonie.

Si tu me donnes rendez-vous quelque part et que je ne viens pas, seras-tu content(e) ? Je ne crois pas.

Si tu prends le temps de m’envoyer un message pour lequel tu attends une réponse et auquel je ne réponds pas, seras-tu content(e) ? Je ne crois pas non plus. Oui, cela marche donc dans les deux sens. C’est cela l’amour inconditionnel.

L’effondrement

Comme le prédisent les philosophes indiens depuis des siècles, nous assistons à une civilisation qui s’effondre. Tout va trop vite. Trop d’informations circulent trop rapidement avec les réseaux sociaux, beaucoup de gens veulent tout vite et sans aucun effort ; il n’y a pas forcément de profondeurs dans les échanges, et quand on voit que des Réels de gens qui dansent sur Instagram font plus de vus que de livres lus, cela me fait un peu peur.

Une partie de notre monde manque de curiosités, de connaissances, et c’est ce qui rend les gens agressifs, ignorants, intolérants et donc dans le jugement. Ce n’est pas étonnant si tant de gens tombent malades…

Je crois donc fermement qu’il est indispensable d’avoir conscience de tout cela. Je crois aussi qu’il est temps d’arrêter de se définir, de chercher de se rentrer dans des cases, et d’apprendre à se connaître depuis l’intérieur pour apprendre à s’accepter et s’aimer avec ses contradictions. Et par là même, je crois que c’est une manière de se respecter et donc de respecter l’autre que d’emprunter cette voie. Autrement, il est difficile de vivre dans une monde en harmonie.

Ce dont je vous parle, je l’ai vécu pendant longtemps et j’en ai beaucoup souffert.

C’est pour cela que j’ai longuement cheminé (et je chemine encore !), que j’ai longuement travaillé sur moi-même (et que je travaille encore !). A bientôt 36 ans, j’ai compris que c’est ma mission d’aider les femmes à sortir de ce regard pesant et de ce jugement permanent.

Je les aide à se donner de la valeur, à se respecter, à se réaligner, à connaître leurs valeurs profondes et à mettre leurs capacités au service du monde en laissant tomber leur ancienne peau.

Pendant mes coachings qui sont régis par un cadre rigoureux, je m’emploie à « recâbler » ces femmes de manière à ce qu’elles se définissent depuis l’intérieur, sans pour autant se couper du monde extérieur. Je leur apprends à gérer leur anxiété, leurs émotions et à se sentir bien avec elles-mêmes et avec le monde.

C’est d’ailleurs pourquoi, j’ai décidé que mon accompagnement coaching individuel s’appellerait désormais Mue, comme la fameuse mue du serpent qui me fascine tellement et qui personnifie très bien ce travail de transformation intérieure, qui se voit ensuite à l’extérieur.

Si tu souhaites être informée de l’ouverture des candidatures à mes coachings individuel, ou intégrer mon programme en ligne A Fleur de Peau, n’hésite pas à t’inscrire ici.

Prends soin de toi,

Alexandra

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