Comment devenir « conscient » ? Petite réflexion sur l’égoïsme, le jugement et tentative d’altruisme

Hello hello! Welcome back! 🙂

J’avais envie d’écrire un texte sur ce sujet depuis un moment maintenant. En effet, parce que je lis et j’entends énormément de choses autour du sujet de la « conscience », du type : « je suis dans une démarche d’ouverture de conscience », je vis ma spiritualité pour « élever ma conscience », etc.

Tentative de définition sommaire

Je crois que la définition parfaite de cette posture qu’être « conscient », c’est tout simplement :

La capacité à regarder les choses sous différents angles, au-delà de sa propre perception des choses

Être « conscient », ce n’est rien d’autre que cela ; lorsque nous regardons les choses sous différents angles, nous ne sommes alors plus dans le jugement. Je crois que c’est ce que veulent la plupart des personnes qui gravitent dans le milieu du développement personnel.

A travers cette quête sempiternelle de l’Amour, ce que souhaite tout être humain désirant devenir la meilleure version de lui-même, c’est se connaître sans être défini par le regard de l’autre et trouver les outils pour comprendre ses modes de fonctionnement.

C’est ainsi apprendre à « se renforcer de l’intérieur » pour être autonome, responsable, et ne plus avoir à dépendre des facteurs extérieurs tant sur le plan matériel, qu’émotionnel. Développer sa capacité de conscience, c’est alors être  en mesure d’être adapté à toutes les situations que nous vivons au quotidien, mieux se comprendre et mieux comprendre l’autre et le monde, sans jugement.

Être « conscient », c’est avoir la capacité de ne pas, d’une part, vivre dans le monde des « bisounours » avec des œillères, et ainsi de refuser de voir les choses telles qu’elles sont. En réalité, c’est ne pas se bercer d’illusion mais toujours trouver un moyen de s’adapter ; et, d’autre part, « être conscient », c’est aussi apprendre à voir les choses sous un autre angle sans être perpétuellement dans l’émotion démesurée ; apprendre à voir les choses à travers les yeux de l’autre même si nous ne le comprenons pas. C’est ainsi être dans l’échange.

Mais lorsqu’on ne se comprend pas soi-même, ses modes de fonctionnement, qu’on ne maîtrise pas ses émotions, comment arriver à comprendre le monde qui nous entoure ?

Etonnamment (ou pas!), c’est justement tout le travail que nous tâchons de mettre en place dans la première étape de mon accompagnement en individuel pour se libérer de son acné adulte récalcitrante. C’est un travail par lequel je suis passée moi-même et qui prend plus ou moins de temps, selon là où nous en sommes dans notre vie.

Parce que tout part de nous…

Comme vous le savez, j’ai beaucoup gravité dans le milieu de la défense de l’environnement et du yoga ici et ailleurs ; et si vous me connaissez mieux encore, vous savez que je suis anthropologue de formation et je ne peux ainsi m’empêcher d’analyser les discours. Pourquoi ? Parce que c’était mon job ! J’ai fait ce qu’on appelle de l’anthropologie historique, j’ai analysé, entre autres, de nombreux discours biographiques. Vous savez maintenant pourquoi j’aime particulièrement lire et écrire… à propos de ma vie et à propos de ce que j’observe du monde. 🙂

En quelques années, j’ai entendu et vu tellement de choses dans le milieu dit de la « spiritualité », que j’avais envie de continuer d’écrire à ce sujet pour sortir un peu de l’acné. D’une part, parce que je veux très probablement faire partie des personnes qui éveillent ces fameuses « consciences » ; je ne dirais pas que c’est ma mission de vie, cela serait peut-être un peu audacieux de ma part, je ne sais pas trop si ça l’est en réalité (la mission de vie, vaste programme). Je crois qu’il est nécessaire de parler de cette « ouverture de conscience », dans un moment où nous sommes tiraillés entre les discours pro et anti. Je crois que tout le monde a quelque chose à dire, de son propre point de vue ; et personnellement, j’aime les écouter attentivement car je crois qu’il y a une part de vérité dans absolument tout ce qui est révélé par tout le monde.

D’autre part, si j’écris cela, c’est parce que je crois que j’ai été complexée pendant longtemps, j’ai tellement dû me taire et me « soumettre » aux besoins des autres pendant des années parce que je ne me croyais pas « assez ». Alors, je ne disais rien. Et pourtant, j’en avais tellement des choses à raconter… Je crois aussi que je n’avais pas encore trouvé le médium parfait pour l’introvertie que je suis. 🙂

Qui étais-je, après tout, pour exprimer « haut et fort » mon point de vue sur un blog et sur les réseaux sociaux ? Et bien en réalité, je ne suis personne, je ne suis pas « plus » que toi qui me lit ce jour. Qui a décidé que je n’étais « pas assez », à part moi-même ? Je crois que mon expérience de vie et ma vision du monde mérite d’être partagée, au même titre que celles et ceux qui, comme moi, ont tant de choses à partager également. M’écouteront et me liront ainsi ceux qui sont dans cette démarche « d’ouverture de conscience ». 🙂

« Toi, qui me lis, es-tu sûr de comprendre ma langue ? »

René Char

A travers les mots que je pose sur les pages de mon ordinateur, et ceux que je diffuse à l’aide de mon podcast, j’ai pour objectif, aussi présomptueux qu’il peut être perçu par qui l’entend, de vous faire réfléchir sur vous-même et sur le monde, pas de prendre un parti-pris quelque conque.

Je suis ce qu’on appelle un « médiateur » dans les test de personnalité , je fais partie des « idéalistes ». Ceux qui sont capables de trouver du positif dans les pires situations possibles. C’est un trait de mon caractère, mais c’est aussi ma conviction. Je crois qu’il est possible de tirer des bénéfices dans chaque situation de notre vie, aussi difficile qu’elle puisse paraître sur le moment.

En réalité, je ne cherche pas à vous convaincre ou à « vous convertir » à ma vision du monde, mais simplement à vous inviter à tenter de voir les choses différemment. Aussi, si vous avez d’autres exemples de votre expérience personnelle, n’hésitez pas à me les partager en commentaire. Cela sera très inspirant pour toutes les personnes qui lisent le blog et pour moi-même.

“ Rien ne nous trompe autant que notre jugement ” Léonard de Vinci

J’ai récemment écouté un podcast dont l’invité parlait de l’écologie. Ce dernier a mis des choses en évidence de son propre point de vue, avec quelques exemples et beaucoup de jugement négatif, mais qui, je crois, auraient mérité d’être approfondis et décortiqués. Mais je vous rassure tout de suite, je ne m’amuserais pas à le faire ici. Je ne m’attarderais que sur un seul exemple.

Rien n’est parfait et rien ne le sera jamais. La vie est imparfaite et il est indispensable de l’accepter pour la vivre au mieux.

Comme je l’évoquais plus haut, je crois qu’un des défis de notre existence humaine est justement d’arriver à développer notre capacité d’adaptation dans un monde qui bouge en permanence. Et pour développer cette capacité d’adaptation, il est plus que nécessaire de voir les choses sous différents angles.

La période que nous vivons depuis mars 2020, nous invite justement à travailler cette capacité d’adaptation ; cette situation nous pousse dans nos retranchements et il est extrêmement important de garder les idées claires si nous ne souhaitons pas tomber dans la spirale des émotions désagréables afin de ressasser le négatif non-stop. Une fois que nous sommes tombés dans cette cascade infernale, il est extrêmement compliqué de s’en sortir indemne, cet état d’esprit est extrêmement mauvais, il aura des répercussion sur notre corps qui, tôt ou tard, tombera malade.

Revenons à mon histoire d’invité de podcast et essayons « d’ouvrir notre conscience ». 🙂

Ce dernier affirmait que les multinationales ne faisaient absolument rien pour la planète et qu’elles la détruisaient plutôt qu’autre chose. L’exemple c’était notamment celui de Total. Je mentirais si je disais que Total n’avait pas un impact négatif sur l’environnement puisque cela est vrai. Ce géant a bâtit sont empire sur le business du pétrole, l’une des industries les plus dévastatrices pour notre environnement. Toutefois, il ne faut pas tout voir en noir non plus. Total (qui a de gros moyens pour investir dans les énergies vertes) travaille également sur les énergies renouvelables et la mobilité électrique (Total EV Charge). Je peux en parler relativement objectivement parce qu’une de mes amies très proche y travaille actuellement. Je peux donc vous affirmer que, oui, même chez Total, il y a des personnes qui ont des convictions écologiques, et qui se battent au quotidien pour que cela soit bien ancré dans les esprits de cette entreprise.

D’abord, Total est une entreprise avec un organigramme de dingue, c’est incroyablement tentaculaire, à faire tourner la tête (pire que la fonction publique, oui oui! Ha ha!). C’est une société qui rapporte énormément d’argent, qui fait vivre des milliers de personnes à travers le monde, avec un conseil d’administration composé d’une majorité de personnes enfermées dans leurs carcans, avec des idées probablement très anciennes et bien arrêtées sur la vie et sur le business ; et s’il y a bien une chose terriblement difficile : c’est de faire changer les états esprits.

Lorsqu’une structure aussi tentaculaire, très protocolaire, qui rapporte des milliards, il n’est pas tâche aisée de lui faire changer tout son système. Comment passer rapidement vers des énergies renouvelables qui ne rapporteront de l’argent que sur du long terme ? Oui, tout le monde sait que c’est possible, mais cela demande de sortir de sa zone de confort et d’investir de l’argent dans des technologies qui ne rapportent pas si rapidement que ce que l’entreprise gagne actuellement. Outre le fait que certains investisseurs s’accordent probablement de belles parts du gâteau et qu’ils sont probablement un peu gourmands, je me pose la question suivante : comment réorganiser une énorme structure, implantée partout le monde, qui nourrit des milliers de bouches, et qui est basée sur le système de l’extraction du gaz et du pétrole rapidement ?

A dire vrai, je crois que le problème va bien au-delà de Total, c’est toute une manière de voir le monde qu’il faut totalement changer. Et cela passe notamment par l’éducation de chacun. Ce sont souvent les investisseurs qui s’enrichissent qui sont montrés du doigt et qui sont sévèrement critiqués. Personnellement, je me fiche de l’investisseur qui s’enrichit parce que je crois que le problème est bien plus complexe que l’enrichissement financier, c’est tout un système et tout un état d’esprit qu’il faut revoir complètement.

Dans la vraie vie, il n’est pas possible de tout jeter du jour au lendemain, développer sa capacité d’adaptation, cela prend du temps.

Alors oui, il y a de l’injustice, mais il n’y a pas que cela. Il faut aussi avoir une vision d’ensemble parce que c’est tout un système qu’il faut détruire et reconstruire. Changer, c’est extrêmement difficile, n’est-ce pas ? Cela fait peur…et le cerveau n’aime pas le changement ni la douleur, surtout s’il est bien tranquillement installé dans son petit confort. Pourquoi prendrait-il des risques ?

Qui n’a pas rêvé partir de son emploi pour se reconvertir mais n’a pas réussi par insécurité ? Et croyez-moi, même des personnes qui ont beaucoup d’argent de côté ont peur…

“ Je me fais peur donc je suis ”

Je suis certaine que vous avez probablement tenté de changer des choses dans votre vie, mais par confort, vous n’avez pas encore osé. Et si vous avez changé des choses, je suis certaine que vous êtes passés par des moments très inconfortables par lesquels vous n’aviez probablement pas envie de passer.

En réalité, ce sont les obstacles qui sont le chemin.

Sans obstacles, il n’y a pas de chemin possible. Donc oui, Total a un impact néfaste sur l’environnement, mais pas que ! Il y a des enjeux financiers, sociaux (et politiques), des salariés, des gens conditionnés, etc. Il y a de l’argent en jeu certes, mais il y a aussi de l’humain. Mettre un coup de pied dans la fourmilière, c’est bien, mais se réorganiser derrière, c’est tout autre chose, surtout avec des systèmes aussi complexes et protocolaires.

Je pense qu’il est extrêmement facile de réagir à l’émotion, de pointer les « méchants » du doigt, mais souvent, la réalité est beaucoup plus complexe qu’on ne l’imagine et il est ainsi intéressant d’aller regarder de plus près « à l’intérieur ». On peut trouver du négatif partout, mais il y a selon moi toujours du positif. Comme vous le savez, je suis un peu contre cette idée de pensée manichéenne : soit tout est noir, soit tout est blanc. C’est un dogme religieux de penser ainsi : le bien d’un côté, et le mal de l’autre. Et les personnes qui nous ont imposées ces croyances ne sont plus de ce monde depuis bien longtemps…N’est-il pas temps de voir les choses sous un autre angle? 🙂

Rappelez-vous les magnifiques sculptures de nombreux linteaux de portes d’églises représentant l’énorme gueule du Léviathan prêt à dévorer l’âme de celui qui osera pêcher… Dès l’entrée de l’église, nos aïeux étaient rappelés à l’ordre…

« La vie est une expérience. Plus on fait d’expériences, mieux c’est »  Ralph Waldo Emerson

En réalité, je peux comprendre que nombre de militants écologistes soient en colère contre ces structures. C’est légitime. D’ailleurs, si je n’avais pas une amie qui travaillait dans cette structure et que j’avais continué de travailler dans le milieu de la défense de l’environnement, je n’aurais peut-être jamais pensé cela. Maybe?

Toutefois, je crois que c’est véritablement l’écoute de l’expérience des autres qui nous permet de changer notre état d’esprit. Ce n’est certainement pas en restant campés sur nos positions ou en faisant l’autruche que les choses changent. Je crois que le meilleur moyen de faire évoluer notre monde, c’est la communication. Lorsqu’on réagit à l’émotion, violemment, avec des opérations « coups de poings », on ne peut pas s’attendre à être écouté par l’autre. Je crois que l’autre ne nous prendra pas au sérieux et il sera lui-aussi dans son émotion. Comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises dans mes articles, l’émotion ne rencontre pas la raison.

Le poids du regard des autres, le poids de la culpabilisation…

Mon autre exemple concerne quelqu’un que j’ai accompagné (petit coucou à elle, si elle passe par là). 🙂 Cette jeune femme avait tendance à s’oublier complètement et à ne pas se faire passer en premier dans sa vie. Cette dernière gravite justement dans ce milieu environnemental (à la bonne heure!). Pour avoir travaillé pour Greenpeace à Paris, j’ai moi aussi gravité dans ce milieu donc je crois que je peux partager mon avis sur la question. Lorsque nous sommes immergés dans les milieux « militants », il est très fréquent de se retrouver face à des gens très impliqués émotionnellement dans la cause qu’ils défendent; ils peuvent souvent être réfractaires aux personnes qui ne partagent pas leurs idées à 100%. J’en ai rencontré beaucoup, avec lesquelles il était difficile d’échanger parce que de toute manière, peu importe ce que j’essayais de rétorquer : « je ne comprenais pas ».

Parce qu’elle ne s’y sentait pas à sa place, la personne en question désirait partir de là où elle vivait pour aller résider ailleurs ; toutefois, elle s’empêchait de le faire notamment par rapport à son empreinte carbone. Son désir était en effet de partir vivre dans un pays d’Europe, frontalier à la France, mais son activité professionnelle l’obligerait à revenir régulièrement sur Paris. Les gens de son entourage ne se sont alors pas empêchés de lui rappeler, toujours dans le jugement, que si elle devait prendre l’avion régulièrement, elle allait avoir un impact énorme sur l’environnement et que cela était abusé.

Si tu ne te plaît pas où tu vis, que tu n’as qu’une envie, c’est d’aller vivre à l’étranger, qu’est-ce qui t’en empêche ? Vas-tu t’empêcher de vivre ta vie sous prétexte que les autres jugent ta démarche, prétextant que tu vas saccager la planète avec tes quelques allers-retours annuels en avion ?

On en parle des business men qui prennent l’avion plusieurs fois par semaine pour faire des Paris-Nice alors qu’ils pourraient prendre le TGV? Ces personnes là ne se posent même pas la question de prendre un autre moyen de transport qui n’altérerait pas tant la nature (je parle de ce que je connais). Dans ce cas de figure, on peut clairement se poser la question de l’empreinte carbone et arrêter de culpabiliser les personnes qui prennent l’avion, de temps en temps, pour partir à la rencontre d’autres cultures et/ou découvrir d’autres horizons.

On en parle de tous les allers-retours des chercheurs de tous les domaines confondus qui se déplacent dans le monde entier pour des cycles de conférences qui ne durent parfois qu’un seul jour ? J’ai des amis chercheurs qui sont prêts à prendre un long courrier pour partir animer UNE seule conférence en Thaïlande, juste pour le plaisir de voyager (et de se prendre des petites vacances au passage histoire de sortir de leur bureau, ce que je peux comprendre!). Ne pourrait-on pas organiser ces conférences qui déplacent des centaines de chercheurs du monde entier via Zoom ? Non, il n’y a pas que des vacanciers dans les avions…

J’ai alors demandé à ma cliente : qu’est-ce que tu préfères ? T’empêcher de vivre ta vie à cause d’une éthique que tu ne peux pas gérer toute seule sur tes petites épaules ? Préfères-tu que ton corps te rappelle que tu n’es pas épanouie là où tu es et que tu n’écoutes pas tes besoins ? J’entends par là tomber malade, parce que tu n’oses pas vivre ta vie telle que tu l’entends…A propos de cette empreinte carbone, ne peux-tu pas faire des dons à des fondations et/ou des organisations environnementales pour tenter de palier à celle-ci à ta manière ? Crois-tu que les business men et/ou les chercheurs le font ? Je sais de source sûre que cela n’est pas le cas.

Croyez-moi, il n’y a rien de pire que d’être tiraillé entre ses besoins personnels et son éthique. C’est quelque chose que j’ai moi-même expérimenté pendant longtemps et vous savez quoi ? J’étais recouverte d’acné ! Tiens donc ! 🙂

Lorsqu’on a tendance à s’oublier, on ressent tôt ou tard de la frustration, nous vivons dans l’émotion, dans le jugement et nous ne sommes plus du tout au centre de notre vie. On fait de la vie des autres l’épicentre de la nôtre, ou bien on fait des causes extérieures le centre de notre vie. Mais avant de s’occuper des causes extérieures, je crois qu’il est fondamental de se connaître soi-même, de répondre à ses besoins, d’être pleinement épanoui(e), d’être stable émotionnellement et ainsi d’être en bonne santé.

La frustration, le jugement, les émotions désagréables ne font que nous rendre malade. Et lorsque nous ne sommes pas dans un état de santé au top, je ne vois pas en quoi il est intéressant de se lancer tête baissée dans la défense d’une cause extérieure. Pour moi, c’est de la fuite, du déni, cela n’est pas une « ouverture de conscience ». Mais cela est encore un autre sujet…

« L’égoïste n’est pas celui qui vit comme il lui plaît, c’est celui qui demande aux autres de vivre comme il lui plaît ; l’altruiste est celui qui laisse les autres vivre leur vie, sans intervenir »

Oscar Wilde

Tout ce que nous faisons, nous le faisons d’abord pour nous…

Dans un autre registre, qui aborde toujours la notion de l’égoïsme et du jugement, j’ai un autre exemple « d’imperfection de la vie » qui me vient à l’esprit. On critique donc les multinationales destructrices de la planète, mais, à l’inverse, on peut s’extasier devant les entreprises éthiques et les personnes qui vont, par exemple, faire des chèques de dons aux associations pour la cause environnementale ou animale. N’oubliez pas quelque chose de fondamental, ces entreprises et ces personnes le font également pour elles ! Tout ce que nous faisons dans la vie, nous le faisons d’abord pour nous et c’est OK. Cela fait-il de nous pour autant des êtres égoïstes ? Je ne suis pas sûre…

Les entreprises qui font des dons aux associations le font parce qu’elles ont probablement des convictions, mais elles le font aussi parce que ça se défiscalise ! Rappelez-vous le scandale autour de Notre Dame de Paris. Tout le monde s’est empressé de verser des dons. En dehors de la communauté religieuse, des entreprises ont versé de grosses sommes d’argent pour bénéficier de réductions d’impôts très intéressantes ! Elles ne l’ont pas fait pour la cathédrale, elles l’ont fait pour des raisons financières (et peut-être pour faire parler d’elles également).  Je sais que vous auriez probablement préféré que cet argent soit distribué pour d’autres causes (mais les conditions de défiscalisation n’étaient probablement pas les mêmes!). Même les entreprises les plus éthiques qui ont des convictions font des donations à des associations pour défiscaliser, pour assoir leur légitimité et leur crédibilité aux yeux de leurs clients. Et oui, rien n’est noir ou blanc. 🙂

Quoi que vous faites dans votre vie, vous le faites d’abord pour vous et cela n’est pas être égoïste. Ok, certains avanceront que je suis peut-être partie loin de la philosophie du yoga, certes (j’y reviendrai), mais comme je le dis constamment à mes élèves, nous ne vivons pas dans la même société que le Dalaï Lama. Ici, nous ne vivons pas retirés du monde ; nous vivons dans une environnement bruyant qui nous stimule en permanence par la publicité (notamment), où nous avons accès à tout et très rapidement. Mais je n’échangerais pas ma vie pour autant avec celle du Dalaï-Lama…chacun sa merde. 🙂

J’échangeais récemment avec une de mes clientes à propos de ses valeurs. Cette dernière me disait qu’elle pensait être dans le don d’elle-même, mais qu’elle était perdue parce qu’elle ne savait pas si c’était vraiment égoïste de sa part ou bien, du don total, sans aucune attente. Du coup, pour imager mon propos, je lui ait donné un exemple que je vous partage ici.

Admettons, vous voyez qu’une grand-mère traverse difficilement la route parce qu’elle marche très lentement alors que le feu tricolore va bientôt repasser au vert pour les voitures. Évidemment, vous vous précipitez pour l’aider, vous le faites pour elle, pour sa sécurité, mais vous le faites également pour vous. L’empathie, la bienveillance, le partage et l’entraide font probablement partis de vos valeurs profondes ; lorsque vous faites ce geste pour cette personne âgée, c’est parce que cela vous apporte aussi de la joie, cela vous fait du bien, et peut-être même que cela vous apporte de la reconnaissance de la part de la grand-mère. Cela n’a rien d’égoïste. Cela nourri votre être parce que vous êtes humain.

« L’individu ne reçoit une dimension humaine que par la reconnaissance d’autrui »

Simone de Beauvoir

L’être humain a besoin de reconnaissance, c’est un sentiment tout à fait humain. Mais surtout, il a besoin d’être investi d’une mission, de trouver du sens dans tout ce qu’il fait, c’est extrêmement important pour sa survie. S’il ne se sent pas investi dans quoi que ce soit et qu’il ne trouve pas de sens à sa vie, cela aura un impact sérieux sur la manière dont il mènera cette dernière…et sur sa santé mentale…

C’est d’ailleurs souvent la raison pour laquelle de nombreuses personnes font des burn out à 40 ans et qui changent de métiers après être tombés malade ; nombreux sont ceux qui fuient les villes et deviennent des néoruraux s’adonnant à la permaculture, souvent des anciens ingénieurs, ou des anciens cadres. En réalité, ces personnes là ne trouvent souvent plus aucun sens dans ce qu’elles font dans leur métier ; c’est la raison pour laquelle elles désirent s’engager dans des missions où l’humain est au centre : réseaux de permaculture, aide à la personne, développement personnel, etc.

A partir de là, elles auront l’impression d’être utiles, d’appartenir à un groupe et elles donneront ainsi un sens à ce qu’elles font, et trouveront alors une place dans la société ; Ces personnes là se mettent à la disposition des autres, mais elles le font d’abord pour elles, pour leur bien-être.

Je l’ai d’ailleurs observé dans les nombreuses formations en développement personnel que j’ai suivies. Souvent quarantenaires, de nombreuses personnes (souvent des femmes) entrent dans des formations type sophrologie, ou yoga, pensant vouloir aider les autres. En réalité, elles ont d’abord un grand besoin de s’aider elles-mêmes parce qu’elles sont arrivées au moment de leur vie où elles ne trouvent plus de sens à celle-ci.

Moi même, en tant que thérapeute, j’accompagne des personnes sur leur chemin de guérison ; mais je le fait aussi pour moi, parce que cela me nourrit et parce que j’ai la sensation d’être utile pour le monde ; je ne vois pas cela comme de l’égoïsme.

Enfin, toujours à propos d’égoïsme et de don de soi, il y a un dernier exemple que je souhaite souligner ici. Cette fois-ci, cela concerne la famille. J’ai entendu maintes exemples comme celui que je vais évoquer ci-dessous au cours de mes séances avec mes clientes.

« Dans une famille, on est attachés les uns aux autres par des fils invisibles qui nous ligotent, même quand on les coupe »

Jean-Michel Guenassia

Par exemple, votre grand-mère, votre tante, ou même votre mère (cela fonctionne avec un homme également!), vous donne parfois un petit billet, ou un petit cadeau, parce qu’elle est contente que vous soyez passé la voir. Si un jour, vous vous retrouvez en désaccord et/ou en conflit avec cette personne, parce que vous n’avez peut-être pas été en mesure de vous rendre disponible comme elle le désirait, elle sera peut-être capable de vous dire : « non mais moi, avec tout ce que je fais pour toi, les cadeaux et l’argent que je t’ai donné, et toi, tu ne penses pas à moi quand j’ai besoin de toi ».

Dans ce cas là, nous sommes typiquement dans de l’égoïsme pur (je vous renvoie à ma citation fétiche d’Oscar Wilde ) :

« L’égoïste n’est pas celui qui vit comme il lui plaît, c’est celui qui demande aux autres de vivre comme il lui plaît ; l’altruiste est celui qui laisse les autres vivre leur vie, sans intervenir »

Dans ce contexte, lorsque ces personnes vous ont donné de l’argent ou un cadeau, elles ne l’ont donc pas fait pour vous, elles l’ont d’abord fait pour elles, pour nourrir leur égo. Dès que vous n’avez pas agit comme elles le désiraient, elles sont dans l’émotion. C’est cela être égoïste.

Personnellement, lorsque nous sommes adultes, et si vous êtes confrontés à ce type de personnes, je suis plutôt adepte de ne pas accepter d’argent ou de cadeau en dehors des événements type Noël, anniversaires, etc.

Je crois qu’il est fondamental de se comporter en adulte, même lorsque nous sommes des enfants ou des petit-enfants de quelqu’un. A mon sens, lorsque nous ne sommes plus un enfant, nous ne devons pas nous comporter comme tel à l’âge adulte. Cela veut ainsi dire être autonome. C’est la responsabilité de tout adulte, de ne pas dépendre des autres, mais seulement de lui-même. J’aurais l’occasion de réaborder ce thème dans un de mes podcasts.

Pour ne pas vivre égoïstement, ne dépendez pas des autres sur les plans matériels et émotionnels.

Nous pouvons tout à fait être dans l’empathie, le don, le partage, et adopter cette posture sainement sans rien attendre en retour, c’est justement tout le concept du yoga, de la Bagavad Gita, le « karma yoga » (le yoga de l’action). Pour moi, même si nous menons des actions parce que nous attendons de la reconnaissance, c’est parce que cela nous nourrit. Je considère qu’il y « attendre en retour » et « attendre en retour ». Pour moi, attendre un sourire, une parole gentille, un échange, un peu de reconnaissance pour l’être humain que je suis, ce n’est pas mal et égoïste. En revanche, faire quelque chose pour quelqu’un et attendre quelque chose de celui-ci et le lui reprocher, c’est de la dépendance affective, de l’assistanat, appelez cela comme cela vous chante, mais cela n’est pas sain. Et plus vous vivrez ce genre de situation, moins vous parviendrez à cet état de paix que vous recherchez en vain.

Aussi, il est fondamental d’accepter que rien n’est parfait. Chacun avance à son rythme et lorsqu’on fait les choses uniquement pour les autres, ou que nous n’osons rien faire parce que nous avons peur du jugement de l’autre, cela termine souvent en maladie.

Je terminerai donc cette réflexion de fin d’année par cette citation qui me fait toujours beaucoup sourire:

« Ne vous inquiétez pas à propos de ce que les gens pensent de vous. Ils sont trop occupés à s’inquiéter de ce que vous pensez d’eux »

Je vous souhaite une douce fin d’année. Un immense merci pour votre présence.

Alexandra

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