« Vous ne savez pas écrire ». C’est une phrase qui m’a hantée pendant plusieurs années. Le choix des mots que nous utilisons pour nous adresser aux autres est selon moi essentiel. La communication est la base pour nos relations intra et extra personnelles. L’usage de nos mots peut avoir un impact sur nos interlocuteurs, définir des trajectoires de vie, conditionner des personnes à agir autrement que ce qui est bon pour elles, voire même, détruire des vies selon les sensibilités de chacun.
Se mettre à la place de l’autre et sortir de son propre regard
Avant de te raconter mon histoire, j’aimerais commencer par te faire part d’une anecdote qu’une de mes clientes m’a raconté cette semaine. Je l’accompagne depuis quelques semaines à gérer ses émotions et à reprendre confiance en elle.
Cette jeune femme, qu’on va appeler Jeanne, m’a contactée car j’ai suivi une de ses amies pendant quelques mois à adapter son hygiène de vie et gérer son mental, alors qu’elle doit vivre avec une maladie auto-immune au quotidien.
Jeanne était une jeune femme qui n’avait pas une bonne relation avec elle-même. Je parle au passé parce que cela est en train de changer depuis le travail que nous faisons ensemble.
Jeanne était très dure envers elle-même et, par conséquent, elle l’était aussi avec son entourage. Elle manquait de tolérance envers les autres, elle ne laissait rien passer à qui que ce soit et elle était très possessive avec ses proches. Elle sentait qu’elle avait besoin de tout contrôler et dès que quelque chose lui échappait, qu’elle ne maîtrisait pas les situations extérieures, elle perdait totalement pied (soit elle se mettait en colère, soit elle s’isolait). Elle m’a même confié un jour qu’elle ne supporterait pas l’idée que ses meilleures amies deviennent proches car elles risqueraient de sortir sans elle, et ainsi de la mettre à l’écart. Elle se sentirait alors rejetée et abandonnée. Elle cloisonne donc ses relations dans le but de garder le contrôle. Le problème, c’est que l’hyper contrôle, c’est épuisant et cela mène bien souvent à la maladie ou à d’autres problèmes. Dans son cas, ça a commencé par l’acné. C’est à partir de là qu’elle m’a connue.
Altercation verbale
Jeanne a eu récemment une altercation avec quelqu’un dans la rue alors qu’elle était en vélo. Le cycliste devant elle a freiné brusquement et elle lui est rentrée dedans.
Sur le coup, elle a eu peur et elle s’est donc exclamée avec un « putain ! ». Lorsque le cycliste a entendu cela, il s’est retourné et a commencé à la traiter de tous les noms d’oiseaux. Elle lui a alors expliqué qu’elle ne s’adressait pas à lui mais qu’elle s’était exclamée parce qu’elle avait eu peur. Elle lui a donc fait part de son émotion (chose qu’elle n’aurait probablement jamais fait avant). L’homme en question a eu un temps d’arrêt avant de se mettre a lui déballer des choses terribles :
« Regarde-toi comme tu es moche, tu es grosse, tu ressembles à rien, va faire une liposuccion, etc. ».
Je vous passe le reste de ce qu’il lui a dit car cela n’en vaut pas la peine.
En temps normal, Jeanne aurait certainement crié plus fort que lui en lui retournant des mots tout aussi terribles pour se défendre car elle se serait sentie en danger. Dans son cerveau et son conditionnement : il l’attaque verbalement alors elle répond pour se défendre. Son cerveau se serait donc mis en mode lutte.
Seulement, nous avons tellement travaillé toutes les deux qu’elle a eu, à sa grande surprise, une toute autre réaction.
D’abord elle a ressenti une tristesse immense. Notons tout de même que Jeanne sait très bien qu’elle n’a pas de problèmes de poids et n’a aucun complexe avec son corps.
On peut tout à fait s’amuser à analyser la situation en se mettant à la place de cet homme qu’on va appeler Robert (sortez le popcorn). Robert s’est probablement attaqué à son physique parce qu’il a probablement un problème avec le sien ; ou bien, un problème avec les femmes de manière générale, ou même une femme en particulier (Freud, sort de ce corps !) ; cette manière de s’exclamer de la part de Jeanne lui a renvoyé aussi l’image d’un danger qu’il a probablement connu (une femme qui lui criait dessus ? Nobody knows…et nous ne le saurons probablement jamais, soit).
Robert s’est mis en mode attaque/défense et il était incontrôlable tant sa colère était grande, c’était impossible pour lui de contrôler son émotion. Pourtant, il n’y a eu aucun blessé et pas de dégâts matériels, simplement un petit choc qui a fait peur à Jeanne. Comme quoi, la peur, un petit choc, peut éveiller des traumatismes profonds. Nous ne comprenons parfois pas les réactions des gens, mais comme je vous le dis tout le temps : nous ne savons pas ce qu’ils traversent ou bien ce qu’ils ont vécu.
Après la stupeur, Jeanne a donc ressenti de la tristesse. Mais elle n’était pas triste à cause des mots que Robert a employé à son égard, elle était triste car elle s’est dit :
« Le pauvre, qu’est-ce qu’il doit vivre, ou a dû vivre, pour être aussi méchant et si violent dans ses paroles ».
Elle n’a pas relevé tout de suite, elle a continué sa route sur son vélo. Quant à lui, il continuait à pédaler en l’incendiant (je vous avais dit de sortir le popcorn). Jeanne lui a dit calmement qu’il pouvait continuer à lui déverser sa haine autant qu’il le souhaitait si cela l’allégeait car ses mots ne l’atteignaient pas. Bref. Même si c’était le cas, personnellement, je pense qu’il n’est pas nécessaire de répondre à cet homme qui vivait pleinement son émotion de haine, incapable d’entendre quoi que ce soit parce que l’émotion ne rencontre pas la raison (dis à quelqu’un qui crie de se calmer, tu risques de te prendre une baffe). Il valait probablement mieux partir et l’ignorer, quitte à s’arrêter et demander de l’aide à quelqu’un si Robert allait trop loin. Je vous rassure, cela s’est bien terminé. Chacun a continué sa route.
Jeanne a été littéralement scotchée par la manière dont l’homme s’est adressée à elle, mais surtout, elle était super heureuse de ne pas être rentrée dans son jeu et de ne pas avoir réagit violemment à son tour.
Quant à moi, j’ai été interloquée par quelque chose : et si cet homme était tombée sur une femme ou un homme complexé(e) par son corps, sans aucune confiance en elle/lui. Une personne ayant un trouble du comportement alimentaire ? Quel impact ses mots auraient-ils pu avoir sur elle/lui ? Cela aurait pu être catastrophique et les conséquences terribles pour celui ou celle qui recevaient ces mots. Selon la sensibilité des personnes, avec des mots, on peut vraiment détruire des vies.
Et au-delà même de l’usage des mots en eux-mêmes, il est extrêmement important de parvenir à exprimer à une personne une idée dans sa globalité : la raison pour laquelle nous exprimons une idée. C’est très intéressant car c’est un bon moyen de se rendre compte que ce que nous évoquons n’a pas parfois pas vraiment de sens et qu’il est indispensable de réfléchir avant de parler.
Je vais vous expliquer cela avec un exemple concret.
Apprendre à communiquer ses idées (dans leur globalité)
Alors que j’étais dans le milieu de la recherche, j’ai entendu pendant des années ma directrice me dire : « vous ne savez pas écrire ».
A force de l’entendre, j’ai intégré l’information et j’ai donc fini par le croire, j’ai perdu confiance en moi et j’ai complètement arrêté d’écrire. De cette expérience désagréable, j’ai tiré une grande leçon (plusieurs années après). De la même manière qu’on m’a dit des tas de fois lorsque j’’étais adolescente : « tu as un gros cul » et que j’ai fini par le croire car j’ai caché mon corps pendant des années. C’est encore une autre histoire que je vous raconterai ailleurs.
Revenons à nos moutons. L’écriture est pour moi une passion, je dirais même que, plus qu’une passion, même si je ne m’appelle pas Marcel Proust, c’est une de mes plus grandes qualités. Dès 17 ans, j’ai composé pendant longtemps des chansons dont les textes étaient très percutants, avec des messages forts, et plutôt bien rédigés pour une gamine de cet âge. J’ai des textes, des idées qui trainent partout, qui recouvrent des pages entières de tas de cahiers. En réalité, je n’ai jamais arrêté d’écrire mais je me suis cachée pour le faire.
Ma plume
L’écriture est le point de départ de mon aventure dans le développement personnel et l’entreprenariat.
L’écriture a été pour moi une forme de thérapie pour panser mes blessures, pour faire sortir des choses que je ne parvenais pas à exprimer oralement. J’écrivais et je chantais mes textes. C’était pour moi la meilleure manière pour moi d’exprimer qui je suis et mon histoire. L’expression corporelle n’avait aucun sens pour moi puisque je détestais mon corps et je ne ressentais plus mes émotions que je refoulais complètement. J’avais construis une carapace indestructible et je me consumais de l’intérieur. Mon corps s’enflammait. Je suis tombée malade.
Le fait de coucher des mots sur le papier, de construire une narration, de raconter une histoire en essayant d’aller au plus juste de sa réalité, même imaginaire, voir déformée, est une action qui me fait littéralement vibrer. Cela me permet de me rappeler et de ne pas oublier. Parce que d’où je viens et ce que j’ai vécu, c’est ma plus grande force aujourd’hui. Pour citer (en décontextualisant complètement) une femme admirable, Maya Angelou, qui s’est longtemps battue pour les droits de la communauté afro-américaine (c’est d’actualité d’ailleurs : #blacklivesmatter) :
« Il n’est de plus grande agonie que de garder en soi une histoire jamais racontée».
Cette agonie m’a quittée le jour où j’ai commencé à la raconter à ma manière, à travers mes textes, mes mots, mes chansons et sur mon premier blog. C’est là que tout a commencé pour moi.
Ecrire est une nécessité et c’est vital pour moi. Evidemment, je ne peux pas écrire aisément sur tous les sujets car il faut qu’ils me prennent aux tripes, sinon cela n’a aucun sens pour moi.
Je n’ai jamais parlé de tout cela, et lorsque j’ai intégré pleinement le « vous ne savez pas écrire », je n’ai plus jamais montré mes textes à qui que ce soit, j’ai arrêté de chanter car je n’avais ainsi plus rien à dire, parce que j’étais persuadée que je ne savais pas écrire et je me sentais nulle.
Répète et tu intègreras
Pendant quatre ans, j’ai entendu cette phrase que ma directrice me répétait sans cesse. Il me fallait réécrire en permanence mes travaux de recherche afin que cela soit parfait selon ses critères à elle. Honnêtement, j’ai vécu un enfer. En plus de me dire que je ne savais pas écrire, elle a ajouté aussi que je n’étais pas faite pour la recherche. « Vous ne savez pas écrire », « vous n’êtes pas faite pour cela ». Mais pourquoi me gardait-elle sous sa direction dans ce cas ? Pourtant, elle pouvait aisément se débarrasser de moi.
Je me sentais nulle et je me disais qu’elle avait probablement pitié de moi. J’ai passé des jours et des jours à écrire et réécrire, à avoir envie de vomir tellement j’essayais de tirer le meilleur de moi-même. Tout mon corps me criait que cela ne lui convenait pas, j’étais épuisée et j’ai eu de plus en plus d’acné. Je me faisais violence pour la rendre heureuse, mais moi je ne l’étais absolument pas. Je ne me rendais pas vraiment compte de cela. Je m’emprisonnais toute seule dans une croyance que j’étais faite pour faire de la recherche. En réalité, je n’arrivais pas à « couper le cordon », je voulais me prouver quelque chose et je cherchais la reconnaissance de ma directrice de recherche.
Projections
J’ai fait une énorme projection sur elle et probablement qu’elle en a fait une sur moi également. J’étais en admiration totale devant cette femme, elle était brillante, intelligente, élégante, tout ce que j’avais envie d’être. Je me posais en infériorité devant elle, non pas d’égal à égal. C’est une grande chercheuse dans le domaine de l’hindouisme, probablement une des plus grandes spécialistes au monde, très respectée par ses pairs et, elle provoquait même de la peur chez certain. Parfois les gens me disaient : « mais c’est elle ta directrice de recherche ? Tu survis ? ».
Sur le moment, oui, je survivais mais je me noyais petit à petit, néanmoins cela valait vraiment la peine (prenez moi aux mots !). Mais finalement, si je me noyais, cela n’était pas de sa faute. C’était de la mienne.
Je n’ai jamais autant appris qu’à ses côtés, même si ses mots étaient parfois maladroits envers moi. En réalité, ce n’est pas tout à fait l’idée qu’elle voulait me transmettre. C’était mal exprimé et je l’avais pris pour moi.
J’attire ce que je projette
Etonnamment (ou pas), j’ai eu une mère comme cela. Une femme avec un fort caractère (les chiens ne font pas des chats) qui étaient très maladroite avec les mots. Nous attirons ce que nous projetons. Mon histoire se répétait et j’avais donc une leçon à en tirer. J’ai mis des années à le comprendre.
Pour replacer la situation dans son contexte, j’étais l’avant dernière élève de ma directrice de recherche ; après moi, elle prenait sa retraite. Il fallait donc terminer sa carrière en beauté.
C’est marrant (ou pas) mais lorsque je repense à ces années en écrivant ici, l’image qui me vient c’est celle de moi, petite fille, à qui on aspire toute l’énergie, et qui se retrouve complètement vidée, asséchée, la peau sur les os (ça va, j’ai encore de la marge, je vous rassure !).
La stratégie
En réalité, cette femme avait vu mon potentiel et sa stratégie était de tirer le meilleur de moi-même.
Mon enfant intérieur et moi-même voulions absolument lui faire plaisir et ne surtout pas la contredire ; nous nous sommes donnés beaucoup de mal pour arriver là où elle voulait m’emmener. C’est un peu comme si elle était ma maman à qui je voulais absolument faire plaisir, je voulais qu’elle soit fière de moi et qu’elle me le dise.
Le problème, c’est qu’on ne peut pas attendre des autres ce que nous devons être en mesure de nous donner nous-même. Je devais surtout être fière de moi, sans avoir besoin qu’elle me le dise.
Je me rappelle d’une fois où elle a critiqué (assez crûment) un de mes travaux pendant ce qui m’a parut être sur le moment une éternité ; avant de sortir de son bureau, elle me tend une boîte et me dit avec un grand sourire : « allez, prenez un petit chocolat avant de partir ». Cette image restera à jamais gravée dans ma mémoire. C’est là que j’ai compris qu’elle faisait elle aussi une projection et que c’était sa manière de me « materner ».
Cette femme n’a jamais eu d’enfants et je crois que ma personnalité lui a plu, et lui a peut-être même fait écho ; je crois qu’elle a voulu me prendre « sous son aile », et faire de moi, comme elle aurait pu le faire avec son propre enfant, une excellente chercheuse. On pourrait dire que j’étais un peu son enfant par procuration parce qu’elle n’était pas comme cela avec les autres. Nous avions une relation différente et elle était beaucoup plus dure avec moi. Comme le dit justement l’adage :
« Qui aime bien châtie bien ».
La fin de l’histoire
Quelques années auparavant, alors que j’étais à l’université, une autre directrice de recherche m’avait dit : « vous n’êtes pas faite pour ça ». J’aurai pu arrêter là et l’écouter. Mais après lui avoir rendu un excellent mémoire de recherche, je me suis challengée en intégrant une meilleure institution et j’ai choisi une directrice de recherche encore plus difficile (celle dont je vous parle depuis un petit moment maintenant). Je suis comme cela, j’aime me challenger et j’avais, à l’époque, cette fâcheuse tendance à vouloir montrer aux autres à quel point ils avaient tort à vouloir définir ma vie. Même si aujourd’hui je ne perds plus mon temps à essayer de montrer quoi que ce soit aux autres, je reste malgré tout une challengeuse. La différence c’est que cette ancienne directrice m’avait ajouté : « ne vous embarquez pas dans ce milieu de la recherche, vous allez passer à côté de votre vie, vous allez avoir des regrets; moi je n’ai pas eu d’enfants et je le regrette ». J’avoue, sur le coup, je n’ai pas écouté la totalité de son idée car je déteste qu’on pense à ma place, alors je me suis arrêtée à « vous n’êtes pas faite pour cela ». Parfois nous entendons mais nous n’écoutons pas car nous sommes focalisés sur quelque chose. En l’occurrence, là c’était mon égo qui focalisait.
Ego
Je reviens donc à mon histoire. Des années après, comme vous avez pu le constater au cours de cet article, j’ai entendu à nouveau cette phrase qui m’avait mise en colère et m’avait poussée à aller dans une autre institution, plus difficile, pour continuer dans le milieu de la recherche.
Le jour où je suis allée à ma soutenance, je me suis dit que j’allais me faire assassiner et que ma directrice de recherche allait probablement m’offrir une boîte complète de chocolats pour me remonter le moral. Mais il en a été tout à fait autrement.
Au début, j’ai fait mon speech comme tout bon étudiant que j’ai démarré par une citation d’un de mes Maîtres, Arnaud Desjardins, puis j’ai laissé la parole aux membres du jury. Lorsqu’il est venu le tour de ma directrice de parler de mon travail, j’ai cru que j’allais faire une syncope. Elle a venté mes mérites et la qualité de mon travail qui était rédigé, selon elle, avec beaucoup de soin. J’ai eu les félicitations et je suis repartie abasourdie. Durant toutes ces années, jamais elle ne m’avait dit que j’avais fait quelque chose de bien.
Oui, je la rejoins sur le fait qu’écrire dans les codes de la recherche n’était pas quelque chose d’inné chez moi. Il m’a donc fallut redoubler d’efforts pour parvenir à rédiger dans ce cadre rigoureux. Je ne savais pas rédiger à sa manière, mais je savais très bien écrire. En revanche, j’avais d’autres grandes qualités dont je n’avais pas conscience parce qu’on ne me l’avait jamais dit. Je n’avais plus aucun recul sur rien car je ne m’écoutais pas.
Ce que j’ai appris de moi
En réalité, j’avais une grande capacité à intégrer très rapidement les informations, à les analyser et à les déconstruire très naturellement. J’ai donc mieux compris pourquoi elle m’avait gardé sous sa direction.
J’étais une tête de mule, perfectionniste, et pas du genre à baisser les bras (ça, je crois que vous le savez), elle savait donc pertinemment que si je devais réécrire vingt fois un texte, je l’aurais fait alors que d’autres auraient probablement baissé les bras.
J’étais (je suis) une véritable challengeuse. Je travaillais à côté de mes études pour subvenir à mes besoins. A mon inscription, la secrétaire de mon département m’avait dit que cela serait probablement très difficile pour moi dans cette institution, que cela serait très différent de l’université. Certes, je confirme, mais cela n’a pas été impossible. Je n’avais pas la « chance » d’avoir mes parents pour subvenir à mes besoins pendant que je faisais mes études (au final, je ne suis pas certaine que cela soit une chance). Cela m’a appris l’autonomie, la résistance face à la difficulté, et de savoir me démener par moi-même sans que jamais personne n’intervienne en ma faveur. Pour moi, la plus belle réussite, c’est lorsqu’on réussit uniquement par soi-même, sans aucune aide de qui que ce soit.
J’étais capable de partir et faire le tour de l’Inde à m’en épuiser physiquement pour aller trouver le plus de sources possible pour mon travail de recherche.
Et avec mon bagou légendaire, j’ai réussi à approcher des personnalités avec lesquelles j’ai pu travailler pendant plusieurs années, politiques, familles royales, etc. Un jour, je pouvais être invitée à la table d’un des derniers « Maharajah », le lendemain, j’interviewai une personne à la tête d’un parti politique, un gouverneur, j’inaugurais une rue, j’allais assister à des Puja dans les temples les plus reculés de l’Inde, j’étais capable de réciter une partie du Coran en Arabe pour parvenir à entrer dans une mosquée dont l’accès était interdit, me paumer dans la jungle, me faire courser par un singe, ou à négocier pendant des heures pour rentrer dans un temple dont l’accès était interdit aux non-hindous (et j’aurais pu même tourner dans des Bollywood, mais ça, c’est une autre histoire). Je suis intrépide.
Enfin, le jury m’a également fait part de ma manière originale de présenter mon travail. Cette originalité était en réalité une autre qualité que tout le monde ne partageait pas avec moi et qui faisait que j’étais Alexandra.
Après avoir pris conscience de tout cela, je ne me suis plus jamais sentie nulle. Je savais en revanche une chose, c’est que ma directrice avait raison : je n’étais pas faite pour cela.
J’étais créative, pleine de vie, dynamique, empathique, originale et absolument pas faite pour rester enfermée dans une bibliothèque ou un bureau. J’avais beaucoup plus à offrir au monde et ça, cette femme, ces femmes plutôt, l’avaient vu dès le départ, mais elles n’avaient simplement pas réussi à le formuler correctement. Grâce à ces expériences, je sais maintenant quels sont mes talents et quelles petites graines je peux semer dans ce monde.
Je crois sincèrement que les mots ont un impact énorme sur nos choix de vie, il est donc extrêmement important d’être en mesure de savoir prendre suffisamment de recul pour ne pas les prendre pour argent comptant. J’ai cru, à tort, que j’étais nulle et que je ne savais pas écrire, pendant des années. Je m’en suis rendue malade.
Les gens peuvent parfois être très maladroits et nous verrons toujours dans leur réalité, avec leurs propres codes, et nous n’avons aucune prise là-dessus. Personnellement, j’ai mis plus de dix ans à le comprendre et à l’intégrer : ne laissez pas les autres définir qui vous êtes parce qu’ils ne vous verront jamais vraiment tels que vous êtes. Jamais.
Personne ne vous connaîtra mieux que vous mêmes.
Et si un jour tu veux faire l’expérience de ce chemin de la confiance, partir à la découverte de toi-même, découvrir quels sont tes talents et les déployer pour les mettre au service du monde, reste connecté(e) car je vais bientôt te proposer un voyage en groupe qui pourrait à jamais changer ta vie.
J’espère sincèrement que mon histoire t’a inspiré(e) et qu’elle a résonné(e) en toi. Si tu as une anecdote similaire, n’hésite pas à la partager en commentaire car nous sommes tous les miroirs les uns des autres. Ton partage est précieux et utile pour la communauté The Good Balance parce que sans les autres, nous ne pourrons jamais devenir la meilleure version de nous-mêmes.
Je t’embrasse chaleureusement,
Alexandra