Cher lecteur,
Je n’avais pas du tout prévu cet article à dire vrai, mais la période de confinement que nous vivons depuis un mois maintenant, est propice à l’écriture pour moi…
Faire face à l’imprévu
Cet article imprévu, au même titre que cette crise sanitaire, c’est un peu ma manière de fonctionner au quotidien dans ma vie personnelle. Je peux vous affirmer que, souvent, les personnes ne s’attendent jamais aux tournants que je prends dans ma vie, et c’est ce que je trouve excitant dans cette dernière. Certes, cela peut faire peur à certains égards, mais je fonctionne beaucoup à l’intuition, et jusqu’à aujourd’hui, ma petite voix ne m’a jamais trompée. Lorsque je n’ai pas voulu l’écouter, je m’en suis toujours mordue les doigts. Ma « petite voix », « mon cœur », « mon intuition », employez le mot qui vous convient, m’a conduite à écrire cet « article » ce jour. Après tout, je suis blogueuse à la base, je suis présente sur la toile pour partager non pas uniquement mes compétences professionnelles d’accompagnante, mais aussi mes questionnements et mes ressentis.
Mon expérience d’accompagnante
Étonnamment (ou pas), j’ai eu ce matin une conversation très intéressante avec une personne que j’accompagne en sophrologie et que j’apprécie beaucoup. Dans mes accompagnements, je ne me comporte pas comme la sophrologue « académique » qu’on nous apprend à devenir pendant nos deux années de formation. J’y mets une part de moi donc je ne me mets pas toujours entre parenthèses. Je ne donne aucun conseil, c’est ma règle d’or, et c’est le rôle du sophrologue de rendre la personne que nous accompagnons autonome ; mais il m’arrive de parler de mon expérience car souvent elle résonne avec celle de la personne que j’accompagne. L’effet miroir.
Comme je le disais dans un de mes nombreux partages sur Instagram, il y a des personnes avec qui l’accompagnement prend un nouveau tournant, lorsque celles-ci ne sont plus un « mental », qu’elles « baissent la garde ». Lorsque la personne reprend contact avec son essence, sa « globalité », pleinement reliées à ses ressentis, ses valeurs, ses ressources développées, nous commençons à avoir des conversations très profondes ensemble. Le genre de conversation que nous n’avons pas forcément avec ses amis et ses proches ; du moins, ceux qui n’ont pas « mis le pied » dans une démarche d’épanouissement personnel, la spiritualité, le développement personnel, ou, là encore, employez le terme qui vous chante.
Personnellement, j’aime bien dire « prendre du recul, travailler sur soi-même pour devenir la meilleure version de nous-mêmes ».
Le mal à dit…
Plonger pour apprendre à nager
Ces personnes, qui, souvent, après avoir vécu un choc traumatique, une maladie, ou tout autre ombre qu’elle traverse, se retrouve à se poser des questions sur son existence, sur ce qui l’épanouie ou pas dans la vie. Nous sommes de plus en plus nombreux à le faire, à sortir la « tête du guidon », sortir de nos croyances, de nos conditionnements éducatifs et sociétaux pour nous demander : « mais qui suis-je sans mes parents ? Sans ce qu’ils veulent de moi ? Sans le regard de mes amis, de mon patron et de mes proches ? Quelle est ma passion ? Pourquoi suis-je incarnée sur cette terre ? Quelle est ma mission de vie ? » Ces derniers mots peuvent faire peur. J’en conviens. Vous m’auriez parlé de mission de vie ou d’incarnation sur terre, il y a quelques années, je serai partie en courant (on va plutôt parler de « but/d’objectif de vie » pour faire moins peur)!
Ces questions, je me les suis posées il y a bien longtemps maintenant. Alors qu’on m’avait imposé des croyances, des dogmes, des manières de faire, j’ai « fui » pour me diriger vers mes études indiennes. Lorsque je suis partie sur le chemin de la recherche scientifique dans le milieu des sciences humaines et sociales, en observant les interactions humaines, leurs modes de fonctionnement, j’étais en réalité sur le chemin de ma propre connaissance et de ma propre (re)construction. Quoi de mieux que de partir en Inde, là où s’est pensée et écrite la plus grande et complexe philosophie de l’Être ! Si seulement vous saviez tout ce que j’ai appris sur moi là-bas (on y passerait plusieurs jours)… D’ailleurs, je n’ai pas tout compris sur le coup, il m’a fallut quelques années pour intégrer tous les enseignements que j’ai reçus. Et même si aujourd’hui, l’Inde ne m’attire plus de la même manière pour maintes raisons, je dois à ce pays ce que je suis devenue aujourd’hui.
L’avis (la vie) des autres…
Effet miroir et projections
Je reviens à mes moutons. Cette conversation que j’ai eue ce matin avec cette jeune femme, a fait beaucoup écho en moi. Au départ, elle m’a contactée, non pas pour travailler sur des problèmes de peau, mais pour faire un accompagnement en sophrologie car mes partages sur mes réseaux sociaux lui parlait beaucoup. Elle ne se sentait plus à sa place, très seule et incomprise ; comme beaucoup de femmes qui démarrent d’ailleurs un accompagnement à mes côtés (acné ou pas), à dire vrai. On a souvent dit à cette femme :
« mais tu n’as pas d’amis, tu es asociale, ce n’est pas normal de passer tant de temps seule ainsi, etc., etc. ».
C’est quoi la norme d’ailleurs en terme d’interactions sociale ? Oui, l’être humain est interdépendant, il est nécessaire pour sa survie de vivre en interaction avec ses semblables. Mais qu’est-ce qui lui oblige d’avoir beaucoup amis et de gens autour de lui ? Tout cela est très intéressant car cette personne traverse exactement ce que j’ai traversé pendant des années et que j’ai eu du mal à intégrer ; ou du moins, ce que j’ai mis des années à accepter. Cela s’est traduit par les problèmes de peau me concernant, je ne reviendrai pas sur mon histoire ici, mais j’avais envie de rebondir sur cette conversation en écrivant et en vous partageant mon expérience.
Bout de moi
Entre enfance et traumatismes
Lorsque j’étais petite, je ne me rappelle plus de l’âge exact, moins de dix ans pour sûr, il y a un événement qui m’a beaucoup marquée. J’étais à la piscine à Fay-aux-Loges (dans le 45) avec mon père et il m’a donné un billet pour m’acheter des bonbons. Je ne sais pas si ma mémoire retranscrit correctement ce que j’ai vécu, ou si une part de cette dernière invente peut-être une histoire (cela n’est pas bien grave, la finalité est la même), mais je me souviens que j’avais acheté 50 francs de bonbons ! Imaginez la dose de bonbons que j’avais pu avoir pour cette somme à l’époque (bon, j’ai 34 ans aujourd’hui, je ne suis pas un dinosaure non plus, mais quand même, j’ai connu les Francs)! Mon père était estomaqué lorsqu’il m’a vue arrivée avec ma dose énorme de bonbons. Certes, je n’avais pas trop la valeur de l’argent, mais je n’avais pas acheté tous ces bonbons pour moi, je les avais achetés pour les distribuer à d’autres enfants, pour qu’ils deviennent mes copains. Je ne savais pas comment m’y prendre pour avoir des amis. Des exemples, j’en ai des tonnes mais celui-ci est de loin, le plus ancien souvenir que j’ai dans ma mémoire. Je ne vous expliquerai pas tout ici car il me faudrait écrire un livre sur le sujet, mais je sais exactement pourquoi je n’arrivais pas à me faire des amis. C’est ce qui m’a menée à l’Anthropologie et à l’observation des interactions sociales.
Qui suis-je?
Introvertie…
Si vous me croisez dans la rue, il y a des chances que vous me preniez pour une sauvageonne car je suis une personne introvertie. Certains verront en moi quelqu’un d’asocial. Peut-être parce que ce sont des personnes, à l’inverse, extraverties, habituées à être entourées de monde, incapables de rester seules avec elles-mêmes, et qui sont capables de parler de tout avec n’importe qui. Ce n’est pas mon cas, j’attache une attention particulière aux relations humaines et à moi-même. J’accorde une grande importance à mon monde intérieur, à ce qui me traverse, mes idées, mes envies…Monde qui est d’une richesse parfois épuisante et déconcertante. Je n’aime pas parler pour ne rien dire, je n’aime pas non plus avoir des conversations sur la pluie et le beau temps. Je m’ennuie.
Quand on me connaît personnellement, je suis une véritable pipelette, un boute-en-train brute de décoffrage, mais si on ne me connaît pas, je peux aussi être la froideur incarnée. J’accorde de l’importance aux échanges sincères, je n’aime pas les gens qui se plaignent en permanence, qui ne parlent que d’eux et sont tournés ainsi vers l’égo. Je ne dis pas que je ne suis pas moi-même dans l’égo. Heureusement qu’il montre parfois le bout de son nez pour me remettre sur le droit chemin et m’aider à poser des limites avec les autres. J’aime aussi particulièrement le silence malgré le fait que j’écoute de la musique Metal. J’entretiens, avec ce style de musique dit « extrême », une grande histoire d’amour depuis mon adolescence (oui, en plein moment de « rebellitude » !). Personnellement, j’appelle cela de la musique « pour musicien » car elle est très technique et menée par des artistes qui ont une grande sensibilité, une technique imparable et qui portent en eux des blessures et des valeurs fortes, écologiques, laïques, religieuses, historiques, etc. qu’ils aiment crier « haut et fort » (c’est le cas de le dire !). Il y a de tout dans le milieu Metal, comme partout d’ailleurs, mais on ne peut pas enlever à cette « communauté » son identité forte qu’elle n’a pas peur de revendiquer sur scène et ailleurs.
La source de notre énergie
Jean-Paul Sarte a dit : « L’enfer, c’est les autres »
En toute sincérité, les relations humaines peuvent rapidement me fatiguer, je n’apprécie pas lorsqu’une personne essaie de s’introduire dans ma vie, dans mes pensées, essaie de me tirer des informations, cela m’épuise (et m’exaspère). Je n’aime pas les copieurs, les gens qui ne tiennent pas parole, qui ne sont pas eux-mêmes et s’attachent trop au matérialisme, au jugement, aux comparaisons, aux apparences et au rang social. J’aime particulièrement les gens discrets qui aiment réfléchir, qui ne cherchent pas à être vus et reconnus aux yeux de tous en racontant le moindre détail de leur vie sur Facebook, qui se remettent en question et attachent de l’importance aux êtres-vivants en laissant l’autre s’exprimer, sans l’écraser. Là encore, je sais pourquoi c’est important pour moi. J’aime les gens qui ont des centres d’intérêts bien marqués, des valeurs bien ancrées, et qui acceptent les différences sans tomber dans des extrêmes. Par exemple, si vous êtes végétarien et que je mange de la viande, je respecterai vos idéaux au même titre que je vous demanderai de respecter les miens pour ne pas me manquer de respect (je ne manquerai certainement pas de vous le dire d’ailleurs !). Aussi, si je ne mange pas de gluten, je vous inviterai à ne pas me dire que cela est « une mode » et que « c’est n’importe quoi ». Je suis adepte du « quand on ne sait pas, même si on croit savoir, mieux vaut se taire et apprendre des autres (on en fera ce qu’on en veut après avoir pris le temps d’écouter l’autre) ».
Il me semble qu’on dit d’ailleurs que « la sagesse c’est savoir se taire et observer ».
Mais pour cela, il est nécessaire de demander de laisser de côté Monsieur/Madame Ego, ne pas réagir à l’émotion et atteindre ce que j’appellerai une certaine « maîtrise » de soi. Accepter la différence, les besoins et les modes de fonctionnements différents des siens. En d’autres termes, j’appelle cela la tolérance et c’est, selon moi, une des plus belles qualités de l’être humain.
Il est donc tout à fait légitime qu’on puisse se sentir parfois seul(e) lorsqu’on vit ou que l’on ressent tout cela. Cela a été mon cas et je suis loin d’être la seule !
Vous pouvez voir cela de deux manières : comme un extrême, un manque d’ouverture, ou à l’inverse, une grande preuve d’ouverture « d’esprit » ; mais c’est OK pour moi, car rien n’est binaire dans la vie. Selon moi, le plus important, c’est que je préfère nourrir mon Être de relations saines et qualitatives plutôt qu’avoir plein de relations qui n’ont guère d’intérêt pour moi, qui me sont toxiques, me vident ainsi de mon énergie et me conduit ainsi à juger l’Autre. Ce qui n’a aucun intérêt.
Nous ne sommes jamais seuls
Il y a toujours quelqu’un là où nous ne nous y attendons pas…
Si vous vous reconnaissez à travers mes mots, je tenais ainsi à vous dire que c’est ok, vous êtes une personne normale, vous avez le droit d’être introverti(e) et de choisir vos relations sociales. Certes, il n’est pas normal de terminer seul(e), ça c’est certain (ne pas tomber dans les extrêmes). Ce n’est pas du tout ce que je prône, au contraire. Ce que je veux dire par là c’est que si vous vous sentez seule/seul, il est intéressant de se demander pourquoi c’est le cas.
Est-ce que vos relations sociales vous nourrissent suffisamment ?
Êtes-vous introverti(e) ?
Avez-vous des comportements toxiques pour les autres qui font qu’ils s’éloignent de vous? Est-ce que vous parvenez à mettre votre égo de côté quand quelque chose vous dérange et qu’est-ce que vous êtes prêt(e), ou pas, à accepter dans vos relations ?
Est-ce que vous vous renfermez sur vous-même car vous n’arrivez pas à poser des limites avec les autres ?
Ne vous en faites pas, vous n’êtes pas seul(e) dans ce/ces cas, et vous avez tout à fait le droit de vous poser des questions. Je le répète souvent dans mes partages sur Instagram (la répétition est le meilleur enseignement) mais la vie n’est que mouvement, nous changeons au même rythme que les saisons, des phases de la lune, des heures, des années, etc.
L’impermanence des choses
Apprendre à lâcher prise…Tout bouge…
Nous évoluons et notre regard sur la vie et sur les choses bouge en permanence donc nous avons tous les droits de ne plus vouloir accepter certaines choses et de côtoyer les personnes de notre choix. L’impermanence des choses. Le plus grave, selon moi, c’est quand rien ne bouge et que tout reste toujours pareil. L’immobilité n’existe pas, c’est mourir à petit feu, aller à l’encontre des règles de l’univers, c’est vivre dans le déni, et, tôt ou tard, tomber à coup sûr. La chute pourra d’ailleurs être brutale et inattendue.
Le plus important, à mon sens, c’est d’être en mesure de se poser toutes ces questions, de prendre du recul et d’accepter de faire un travail sur soi-même avec un thérapeute. Je ne dis pas que c’est confortable, car il n’y a pas de retour en arrière lorsqu’on « tombe dans la marmite » (pour rendre hommage à Uderzo, un de mes voisins du 51 que nous avons perdu récemment), mais c’est le plus beau et le plus grand cadeau que nous pouvons nous offrir durant notre courte existence.
La vie n’est faite que de rencontres et la plus grande rencontre que nous pouvons faire durant notre existence, c’est la rencontre avec nous-même.
Prenez soin de vous.
Alexandra