Bien-être & développement personnel Accompagner l’autre : responsabilité et légitimité

 

Légitimité et/ou reconnaissance

On parle beaucoup de « légitimité » sur les réseaux sociaux. En effet, beaucoup de blogueurs bien-être & développement personnel se sont lancés dans l’accompagnement des personnes et cherchent ainsi une certaine « légitimité », souvent parce qu’ils n’ont pas de diplômes. J’entends par « légitimité » la définition suivante : elle repose sur une autorité qui est fondée sur des bases juridiques ou sur des bases éthiques ou morales et permet de recevoir le consentement des membres d’un groupe. Il n’est pas question pour moi de parler ici de « reconnaissance » dans le sens de l’égo qui cherche à être flatté. Je différencie ainsi le terme « légitimité » (qui relève des bases juridiques, éthiques et morales) et le terme « reconnaissance » (qui relève, selon moi, plutôt de l’égo).

Lorsque je parle d’accompagnement de quelqu’un pour tout ce qui touche à la santé (naturelle ou pas), celui-ci doit reposer sur des bases éthiques et morales, plus communément appelées « déontologiques » dans le milieu médical classique. D’ailleurs, les thérapeutes en dehors de ce milieu « allopathiques » (médecine classique), sont de plus en plus contrôlés et réglementés, ce qui est une excellente chose pour le bien-être de tous. Chaque profession du milieu médical classique ou du milieu de la santé naturelle possède son code déontologique. C’est ce que nous acceptons d’emblée lorsque nous empruntons le chemin des formations professionnelles liées à la santé telle qu’elle soit, reconnues par l’état, ou pas. Nous acceptons ainsi de nous soumettre à une charte éthique et morale, peu importe le métier que nous exerçons : naturopathe, psychologue, infirmier, ostéopathe, sexothérapeute, psychomotricien, sophrologue, etc.

 De ce que je lis sur les réseaux sociaux et de ce que je sais d’elles, les personnes qui cherchent une « légitimité » (ou peut-être une « reconnaissance » ? et dans ce cas, je les invite à se poser la question) sont souvent en conflit avec elles-mêmes. En effet, elles sont tiraillées par plusieurs choses. D’abord, elles aspirent à tout prix à vouloir aider les autres (ce qu’elles sont tout à fait capable de faire en y consacrant évidemment du temps et des moyens). Seulement, étant donné que nombre de « thérapeutes » dont les formations ne sont pas encore reconnues par l’Etat, il est aisé pour n’importe qui de s’autoproclamer « praticien » en médecine naturelle ou que sais-je, avec peu, voir pas de compétences professionnelles. Toutefois, nombre de ces personnes sont tiraillées parce qu’elles sont pleines de bon sens et elles ont tout à fait conscience qu’elles doivent obéir à une charte éthique et morale au travers de laquelle elles aimeraient parfois passer outre grâce à la non-reconnaissance par l’Etat du titre de « thérapeute ». En effet, l’Etat ne vérifie pas encore systématiquement « qui » accompagne « qui » et « pourquoi » en dehors du cadre médical classique. Pour avoir cette « légitimité » tant recherchée, cela demande ainsi d’obtenir au minimum un diplôme afin d’appartenir pleinement à un groupe de personnes pratiquant le même métier, le même cadre professionnel et qui sont donc soumises à un règlement déontologique. Bref, pas question de philosopher et de débattre davantage sur le sujet. Je tiens seulement à exposer ma vision de la question de la légitimité et de la responsabilité dans la posture de l’accompagnant en santé naturelle, en réponse à tout ce que je lis tous les jours sur la toile. Et vous verrez par la suite, c’est un sujet qui n’est pas à prendre à la légère.

Souvent, et c’est ce que je lis communément sur internet, les « blogueurs accompagnants » prônent leurs « compétences » (vous comprendrez les guillemets plus tard) : ouverture du cœur, clairvoyance, intuition, bon sens, etc. Mais ces « compétences » sont-elles suffisantes et nécessaires pour accompagner quelqu’un sur le chemin de la santé ? Je suis entièrement d’accord avec le fait que les diplômes, ces « bouts de papier » n’offrent pas des compétences et des capacités à quelqu’un, ils préparent souvent à beaucoup trop de théorie (il n’y a qu’à voir ce qu’on apprend en fac de psycho…). Seule l’expérience, la mise en application de ses connaissances peut nous offrir cette légitimité que nous cherchons en vain. Cela demande donc de la patience et beaucoup de travail. Cette recherche de « légitimité » par ces « accompagnants de la toile » n’est donc absolument pas anodine, elle soulève beaucoup d’autres choses que je n’aborderai pas ici (sinon je vais vous assommer direct). Lorsque nous accompagnons quelqu’un pour reprendre sa santé en mains, il est nécessaire d’avoir reçu une formation ou des bases solides en psychologie de l’être humain afin de l’accompagner convenablement. A partir du moment où nous avons compris que l’aspect psychologique, dans tous les domaines de la santé confondus, est primordial, et que, sur une base éthique et morale (nous respectons un code, un métier), nous avons été formés à cela, la légitimité à exercer le métier « d’accompagnant » ne se pose donc plus. En revanche, quelqu’un qui exerce un métier auquel il n’a pas été formé peut donc, à juste titre, se poser la question de sa légitimité. Selon moi, pour être légitime, lorsque nous accompagnons quelqu’un dans le domaine de la santé, c’est acquérir des compétences et des connaissances ; c’est renforcer ainsi ses capacités en passant donc par la formation et l’expérience à la fois personnelle (ressentie et éprouvée dans sa réalité) et professionnelle (ce qui a été observé et étudié chez les autres, dans d’autres réalités). L’expérience professionnelle relève ainsi de l’apprentissage d’une profession qui ne s’invente pas même si nous sommes très intelligents. La connaissance est loin d’être innée et cela est un très long processus que de l’intégrer pleinement pour un corps et un cerveau. On en parle de la question du processus d’apprentissage ? Non, pas ici, cela me prendrait encore quelques pages. 😉

 

Les nouveaux accompagnants

A mon sens, ces « nouveaux accompagnants » qui fleurissent sur la toile pour aider à préserver la santé d’autrui au naturel ou pour « aller mieux » (physiquement et mentalement), n’ont pas suffisamment conscience de leur responsabilité à accompagner des personnes, des êtres sensibles. Certains ont souvent cette envie, tout à fait saine, d’aider et de « sauver » les autres pour se « sauver eux-mêmes », ce que je comprends totalement, puisque j’en ai fait moi-même partie. L’envie d’accompagner l’autre vient forcément de quelque part, d’une expérience vécue ou bien en cours d’apprentissage. Cela s’explique aisément dans le domaine de la psychologie. C’est pourquoi, ces « nouveaux accompagnants » se rassurent en proclamant qu’ils ont des « qualités » qu’ils partagent avec beaucoup de monde (non pas des « compétences », c’est pourquoi j’ai mis ce mot entre parenthèses plus haut) : de « l’intuition », de la « clairvoyance », de « l’amour », de « l’empathie », de la « bienveillance », etc. (des qualités, des capacités pour certaines d’entre elles, qui demandent de l’entraînement et sur lesquelles je reviendrai dans d’autres articles). Ces nouveaux accompagnants se rassurent également parce qu’ils ont bénéficié de quelques formations courtes en ligne (ou ailleurs) qui leur ont permis de leur donner, selon eux, suffisamment de clés, de connaissances et la capacité à accompagner autrui. Ces formations sont utiles certes, d’abord, à condition d’aller jusqu’au bout, mais il est également de rigueur de faire un solide travail sur soi-même afin de comprendre ses propres fonctionnements, ses conditionnements et éviter toute projection et transfert sur la personne que l’on accompagne. Pour cela, il est donc nécessaire d’avoir de solides connaissances en psychologie. Sans cela, nous ne sommes pas légitimes à accompagner quelqu’un pour l’aider à préserver sa santé et/ou à opérer des changements d’hygiène de vie car nous avançons à l’aveugle, sans savoir ce que nous faisons réellement (dans sa réalité à lui !), au risque de commettre de graves erreurs. Dans l’accompagnement de la personne, il ne faut absolument pas confondre ouverture du cœur et compétences professionnelles.

 

Accompagner

Accompagner, c’est, selon la définition du dictionnaire, « se joindre à quelqu’un pour aller où il va en même temps que lui ». C’est donc avoir les capacités, les ressources et suffisamment de compétences professionnelles pour avoir confiance en l’autre car il est le seul à savoir ce dont il a besoin. Cela passe évidemment par avoir un minimum de confiance en soi qui, au même titre que la connaissance, selon l’éducation que nous avons reçue, selon notre histoire de vie, n’est absolument pas innée non plus (même si certains le « croient » fermement).

Accompagner l’autre, cela veut donc dire aller « en même temps que lui », se centrer sur lui-même et uniquement sur ce dernier. Ce n’est pas penser à sa place, ni même lui trouver des solutions ainsi que croire que telle ou telle chose est donc mieux pour lui. C’est aussi lui expliquer pourquoi quelque chose peut être utile pour lui (ou pas) et non pas l’assommer d’informations dont l’utilité n’est pas clairement définie en amont avec lui. Au même titre qu’un accompagnant doit pouvoir fournir une proposition d’accompagnement réfléchie au préalable avec la personne concernée. Accompagner, c’est aussi ne pas renforcer les mécanismes de défense de la personne que l’on accompagne, c’est ne pas croire, par exemple, que parce qu’une personne est tendue, qu’il faut absolument la détendre (la tension est aussi un mécanisme de défense), ou parce qu’elle a mal au ventre, il faut absolument qu’elle bannisse le gluten de sa vie. Personne ne peut penser et savoir à la place d’une personne, même si la réalité vécue de cette dernière est dissimulée par des automatismes, des complexes et des mécanismes de défense multiples qu’on cherche à contourner ; la personne doit par elle-même, être capable de poser les mots sur ce qui l’empêche d’avancer dans sa vie, à « l’instant T ». Pour cela, seul un accompagnant compétent est capable de le faire « avec des pattes de velours ». Etre accompagnant, c’est donc avoir beaucoup d’humilité, connaître les fonctionnements que je viens d’évoquer sans essayer de les faire éclater, au risque de les renforcer et de faire plus de mal que de bien à l’autre. Etre accompagnant, c’est également ne pas avoir peur de dire à l’autre « je ne sais pas ». C’est lui faire totalement confiance (c’est d’ailleurs ce que j’ai appris en priorité en sophrologie !) et pour lui faire confiance, il faut d’abord avoir confiance en soi.

Je le répète souvent aux personnes que j’accompagne, et c’est la raison pour laquelle j’ai mis des années à mettre en place ma méthode d’accompagnement qui permet à la personne de s’autonomiser et de trouver par elle-même ce qui est bon ou pas pour elle, pour sa santé et son épanouissement personnel. Il est donc toujours utile de partir avec une base, une méthode, mais, il faut être capable de pouvoir s’ajuster et de se mettre au contact de l’autre en oubliant ce que l’on croit savoir car tous les êtres humains sont différents. Il n’est donc absolument pas possible de faire la même chose pour tout le monde.

 

L’alimentation et moi…

Parce que je croyais fermement Hippocrate et son célèbre adage : « que ton aliment soit ton médicament », je me suis formée à la naturopathie, j’ai commencé par une célèbre école en 2006 à Paris, puis j’ai continué mon petit bonhomme de chemin, sans savoir que cela deviendrait mon métier, en suivant d’autres formations les dix années suivantes, par intermittence, toutes aussi riches et intéressantes les unes que les autres. Elles m’ont apportée de solides connaissances en matière de santé et de nutrition. J’ai également continué ma formation en micro-nutrition et en Ayurveda, en Inde. C’est là que je me suis ainsi rendue compte que la diversité et la complémentarité de ces approches étaient très intéressantes pour mes accompagnements.

Toutefois, j’ai rapidement remarqué quelles étaient les limites de l’accompagnement en naturopathie, Ayurveda et/ou en micro-nutrition. Nombre de personnes n’arrivent pas à mettre en place dans leur quotidien des nouvelles habitudes alimentaires, ou d’hygiène de vie, même en sachant que c’est bon pour leur santé (je l’ai expérimenté aussi). Cela demande d’avoir suffisamment de ressources intérieures pour arriver à mettre en place des choses « bonnes » pour soi. Et si nous n’arrivons pas à mettre en place des choses « bonnes pour nous-mêmes », si nous ne parvenons pas à nous faire du bien, c’est qu’il y a une raison. Ce n’est souvent pas par fainéantise, même si cela peut-être aussi le cas. En psycho, ce comportement s’explique également. En naturo, il nous est proposé de nous former en EFT, en fleurs de Bach et toutes autres techniques qui peuvent aider à la gestion du stress et des émotions : ce qui est un problème fondamental pour la gestion de son alimentation. Pour moi, ces techniques, au même titre que l’hypnose par exemple (et cela n’est que mon avis, je ne porte pas de jugement), peuvent camoufler ou déplacer un problème de fond ailleurs. Ces techniques permettent en effet d’avoir des résultats rapides, c’est certain, mais la santé mentale et physique ne réside-t-elle justement pas dans l’écoute subtile de soi? Cela requiert en effet de la patience… Avec de l’impatience, à terme cela ne fonctionnera pas.

Fuite, déni et mécanismes de défense

Prenons par exemple une personne qui est suivie par un hypnotiseur Ericksonnien pour arrêter de fumer. L’hypnotiseur a les compétences, si l’hypnotisé est réceptif à sa technique (raison pour laquelle il existe tant d’outils différents selon chacun), pour dégoûter le fumeur de la cigarette et ainsi, l’aider à arrêter complètement. Seulement, l’hypnotiseur sait-il pourquoi la personne a-t-elle commencé à fumer la cigarette ? Quel est le véritable problème de fond, le déclencheur? Je connais une personne qui a perdu un être cher, il y a bien longtemps, la cigarette l’aide ainsi d’une certaine manière à combler un vide (ce dont elle n’avait pas conscience pendant longtemps). Son processus de deuil n’était en réalité pas terminé (seul un psychologue est apte à suivre une personne dans cette situation). L’hypnotiseur, qui n’est pas formé à la gestion des traumatismes psychologiques, à la compréhension des différents complexes et des conditionnements de l’être humain n’a donc pas la connaissance (et la compétence) nécessaire pour la compréhension de son problème de fond. Grâce à l’hypnose, la personne dont je parle ici a arrêté de fumer, mais elle a déplacé son addiction ailleurs parce que le problème de fond n’était pas réglé. Seul un psychologue a été capable de l’aider à poser des mots et à mettre en place des stratégies qui ont pu la libérer d’un poids et à gérer des émotions très désagréables qu’elle refoulait complètement. Je ne critique absolument pas les personnes formées à l’hypnose Ericksonnienne, au contraire, je crois que cet outil est en effet très utile (les anesthésistes y ont même recours pour éviter certaines anesthésies lors d’opérations), au même titre que l’Emotional Freedom Technique ou les Fleurs de Bach que j’ai mentionnées ci-dessus ; toutefois, je crois à ces techniques seulement s’il y a un suivi en psycho (psychothérapeute, psychologue, psychiatre) ou en sophrologie en parallèle (n.b : je parle de sophrologues qui ont reçu une formation de deux années uniquement. Je reviendrai là-dessus dans un autre article).

Je cite ici un autre exemple que j’ai entendu plusieurs fois dans la bouche de personnes de mon entourage qui ont subi des traumatismes : « c’est bon, je peux arrêter mes séances, mon hypnotiseur m’a dit que j’étais en résilience » (dans ce cas, l’hypnotiseur n’était pas formé à des outils de la psychologie en parallèle). La fameuse « résilience », c’est cette capacité que nous avons tous à surmonter un choc, un traumatisme. La résilience, en psychologie, est aussi un mécanisme de défense qui nous permet de fuir une partie de notre réalité. Mais cela est une très bonne chose car ce mécanisme de défense nous protège parce que nous n’avons pas les ressources nécessaires, nous ne sommes pas prêts, pour le moment, à accepter ou à affronter une situation. Ainsi, sans vraiment trop savoir ce que l’hypnotiseur a fait, il est peut-être bon pour la personne d’arrêter ses séances d’hypnose pour se préserver ou se protéger. Seulement, je me suis rendue compte en observant cette personne, qu’elle a dépensé de l’argent pour « croire » quelque chose (le mental est très fort pour cela) et non pas pour trouver les ressources qui lui permettront d’être véritablement libre et apaisée. En observant son corps, ses comportements en société et ses réactions, j’ai remarqué ses tensions, la rigidité et la pression qu’elle se met au quotidien. Dans ma logique, si cela est bon pour elle, tant mieux. Seulement, si j’écoute les personnes qui l’entourent, la pression qu’elle leur met au quotidien et les problèmes de santé qu’elle subit elle-même me laissent croire qu’elle aurait dû être suivie en parallèle par quelqu’un formé aux outils de la psychothérapie. En réalité, tout cela est compliqué car la personne se protège de quelque chose qu’elle n’est pas encore capable de gérer, jusqu’au jour où, peut-être, un nouveau choc lui fera prendre conscience que son problème de fond n’était pas réglé. Chacun son rythme, chacun son chemin. Dans tous les cas, le corps parle ainsi que les comportements en société (comportements que nous ne voyons d’ailleurs pas en tant que thérapeute, nous pouvons seulement nous baser sur ce que nous dit la personne…à bon entendeur…). Je crois donc qu’il est important d’accompagner quelqu’un en connaissant tous les mécanismes avec lesquels il fonctionne et auxquels il ne faut surtout pas toucher. En gros, si je peux imager les choses ainsi, il faudrait, dans un accompagnement, partir tranquillement de l’ouest pour revenir sereinement à l’est (là où se situe le véritable problème). C’est d’ailleurs pour cela que beaucoup baissent les bras très rapidement au cours d’une psychothérapie et disent que c’est « long » et que « cela ne sert à rien ».  J’ai aussi remarqué d’autres mécanismes de défense : ces personnes qui « croient » ou laissent croire que tout va bien dans leur vie, mais leurs comportements relationnels (et ce qui se passe à la maison, en « off ») montrent qu’elles essaient de combler un vide important. Croire que tout va bien dans sa vie en essayant de persuader les autres (et donc soi-même par la même occasion) est aussi un moyen de fuir une partie de sa réalité (on en parle des réseaux sociaux ? Allez, pas là non plus, sinon je suis encore là demain 😉 ).

Avant d’opérer des changements dans sa vie, je crois donc qu’il est bon de réaliser ce que notre cœur nous appelle à faire, peut-être passer par le cabinet d’un fantastique tarologue, ou danser sur les rythmes du tambour d’un chamane, se perdre dans les méandres du monde des esprits ou partir en voyage pour ainsi mieux se retrouver, ici, et maintenant, bien ancré dans sa réalité.

D’ailleurs, concernant l’idée de fuir sa réalité en « se perdant » pour mieux se retrouver, j’ai observé nombre de « blogueurs accompagnants » dont l’ardent désir est de partir vivre sous les cocotiers, pour vivre en harmonie et trouver l’ « amour véritable » dans des communautés plus « exotiques » et ensoleillées afin de se former à des outils énergétiques ou à l’enseignement du yoga en quelques semaines (ça, c’est encore un autre sujet). C’est un phénomène que l’on observe beaucoup dans les nouvelles destinations à la mode en Indonésie et en Thaïlande. Pourquoi ces accompagnants ne cherchent-ils pas à s’adapter là où ils vivent habituellement ? Ont-ils réellement les ressources intérieures qui leur permettent de s’adapter à la réalité dans laquelle ils vivent habituellement ? N’est-il pas un mécanisme de défense de fuite de sa réalité ? N’est-il pas une forme de déni de sa réalité? Je ne juge pas, cela n’empêche en aucun cas le fait qu’ils peuvent être d’excellents accompagnants (ne pas confondre la personne et le professionnel), mais je laisse ici ce questionnement en suspens.

Je pourrais d’ailleurs en parler ailleurs, puisque j’ai moi-même fait l’expérience en partant en Inde pendant longtemps, me cherchant longuement, et, même si j’ai considérablement grandi grâce à cette expérience, je n’ai fait que transporter mes petits problèmes dans mon baluchon partout où je me rendais. Je n’étais toujours pas adaptée et prête à affronter mes véritables tracas. Mais à cette époque, je ne souhaitais pas être accompagnante en santé, j’étais justement étudiant « chercheur ». 😉 Enfin, cela est un autre sujet.

Ce que je veux dire par là, et c’est ce que j’explicite souvent dans mes posts sur mes réseaux sociaux, je crois fermement que, lorsque nous sommes épanouis, il est possible de s’adapter partout où nous sommes, seuls ; et ainsi, il n’est donc pas nécessaire de chercher à combler son vide intérieur par différents moyens plus ou moins créatifs, et ne pas chercher à créer une nouvelle réalité ou un nouveau monde ailleurs. Tout est une question d’équilibre. Quelle complexité que trouver le bon équilibre en somme! Il y a évidemment des lieux dans lesquels nous pouvons nous sentir mieux, toutefois, partir dans les extrêmes n’est souvent pas gage d’épanouissement personnel, c’est ainsi fuir une partie de sa réalité (un véritable mécanisme de défense). Par conséquent, ne pas accepter toute sa réalité c’est être inadapté en société et ne pas être épanoui pleinement.

  Crédit : Avrielle Suleiman

Les 3 structures et la réalité

Je crois aussi que le mental est extrêmement intelligent, il croit savoir beaucoup de choses, mais c’est d’abord notre corps qui sait (même si l’un ne va pas sans l’autre) ; c’est lui qui imprime toutes les joies (ou pas) de notre existence depuis notre naissance : nos petits bonheurs, nos peines, nos traumatismes, nos blessures et toutes nos émotions laissent ainsi des traces indélébiles dans ce dernier. En effet, dès la naissance, nous commençons par nous développer par le biais du sens du toucher avec le contact de notre maman, nos autres sens ne sont pas tout de suite aussi développés. C’est ainsi que commence le moment où notre chef d’œuvre de corps imprime tous les moments de notre vie. C’est pourquoi, pour s’épanouir, cela nécessite ainsi de passer par une écoute très subtile de notre corps. Et acquérir une écoute subtile de son corps, ce n’est pas « croire » que l’on connaît bien son corps parce qu’on pratique depuis longtemps le yoga, par exemple. Récemment, une personne de mon groupe de sophrologie m’a dit: « cela paraît anodin comme ça, mais je me rends compte que les pratiques pourtant très simples de prime abord, sont en réalité très difficiles pour moi. Toi, c’est ton métier, tu es professeure de yoga à la base, donc tu connais bien ton corps. C’est facile pour toi car toutes les pratiques que tu nous fait faire, tu les as intégrées ».

Et bien non, pas du tout, cela n’est pas « facile » pour moi, je n’ai pas la prétention d’avoir intégré toutes les pratiques en sophrologie, loin de là. En presque 13 ans de pratique de yoga, j’ai en effet été très (trop) reliée à mon corps, et à ma structure mentale, toutefois je n’étais pas du tout reliée à ma structure émotionnelle (on pourrait aussi parler de la structure énergétique à laquelle j’étais également plutôt bien reliée, mais je vais rester très « terre à terre », bien ancrée). Pour plein de raisons que je n’évoquerai pas ici (j’en ai déjà parlé en partie ailleurs), j’étais complètement déconnectée de ma structure émotionnelle, dans le sens où je ne savais pas comment accueillir, comprendre et je n’avais pas les ressources dans lesquelles puiser pour comprendre ces indicateurs qu’étaient mes émotions. J’avais plein de comportements qui montraient que je n’étais pas totalement adaptée, en rejet, et j’avais plein d’autres messages de mon corps (que je traduisais mal) qui me montraient que quelque chose n’allait pas. En plus, je n’étais franchement pas patiente donc cela ne m’aidait pas du tout! Pour d’autres, c’est le contraire, ils sont très (trop) bien reliés à leurs structures émotionnelles et mentales (et énergétiques) et sont complètement déconnectés de leur structure physique, de leur corps. Nous sommes tous différents. Personnellement, c’est lorsque j’ai commencé un travail psychocorporel, en psychothérapie et en sophrologie que j’ai réussi à relier mes trois structures : physique, mentale et émotionnelle. Cela n’a pas toujours été confortable, mais cela a mis le temps qu’il faut, et cela n’est certainement pas terminé pour moi !

Alors oui, j’ai 13 ans de pratique de yoga, je connais plutôt bien mon corps et je sais à quel point mon mental peut me jouer des tours. J’ai ainsi pu, grâce au yoga et à la méditation, apaiser mon mental et mieux comprendre ses mécanismes. Mais cela ne m’a pas suffit, j’ai dû aller beaucoup plus loin dans la compréhension de moi-même (et je « veille encore au grain assidument »). Lire des livres, voyager, danser, chanter, écrire, « yogater », méditer, parler, etc., sont des outils, des expériences personnelles qui m’ont beaucoup aidée. Ce fut ainsi des outils et des expériences primordiales dans la connaissance de moi-même, de ma réalité, mais c’est en me formant professionnellement et par là-même, en obtenant des diplômes que j’ai pu comprendre et mettre en application des compétences professionnelles en accompagnement pour aider une personne. Sans cela, sans remise en question perpétuelle, en toute honnêteté, je ne serai pas une « bonne » accompagnante.

Crédit : David Cohen

 Expériences, connaissances, diplômes…

Cet apprentissage, qui, comme vous avez pu le remarquer, est d’abord passé par moi-même, par mes propres expériences, m’a donc demandé de sortir de ma zone de confort à maintes reprises. Ce fut parfois très inconfortable. Mais il m’a fallut apprendre à désapprendre, à réapprendre, de passer des examens stressants et de beaucoup travailler pour mieux me comprendre et mieux comprendre les mécanismes de l’être humain. Depuis presque deux ans maintenant, je me forme à la sophrologie par le biais d’une formation diplômante certifiée RNCP, reconnue ainsi par l’Etat, basée sur une méthode, une approche solide qui n’est pas tout à fait Caycédienne[1], qu’on appelle « factorielle ». C’est une méthode psychocorporelle mise au point par Norbert Cassini (je parlerai de lui bientôt, patience !), le directeur de mon école créée il y a plus de vingt ans et dont la réputation n’est plus à faire. Je me forme également à d’autres outils de la psychothérapie pour une meilleure compréhension des mécanismes psychologiques que j’évoquerai ailleurs. Ainsi, pour mieux accompagner des personnes, il m’a fallut avoir beaucoup plus que de « l’intuition », du « bon sens » et beaucoup plus que quelques connaissances en psycho, en physiologie et en anatomie. Il m’a fallut être capable d’expliquer aux personnes que j’accompagne pourquoi je fais « ceci » ou « cela ». Il m’a fallut apprendre à savoir écouter l’autre et à savoir raisonner avec une approche méthodologique, non pas par « intuition », sans savoir réellement ce que j’étais en train de faire. C’est pourquoi, je me suis donc dirigée vers des méthodes psychocorporelles dont les formations solides, m’ont/me permettent d’aller le plus loin possible dans mes accompagnements ; et surtout : apprendre la posture de l’accompagnant professionnel. J’ai ainsi compris que pour avoir une bonne santé globale (et donc un épanouissement personnel) cela passe d’abord par l’écoute du corps (commencer par le yoga fut une très bonne chose pour moi), mais aussi par la sphère psychologique.

Il m’a fallut également apprendre à reconnaître les différentes pathologies psychiques (troubles et/ou maladies) qui ne relèvent pas forcément des mêmes compétences (ce que je ne suis pas forcément capable de gérer en tant que sophrologue).

Les cas de dépression, par exemple, sont très courants et pas aisément reconnaissables de prime abord. Il ne faut surtout pas croire que nous sommes capables de gérer ceux-ci seulement avec du « bon sens » ou de « l’intuition ». Au même titre qu’il est important de reconnaitre des névroses et des psychoses qui peuvent également empêcher quelqu’un d’aller mieux et de mettre en place de nouvelles habitudes et une nouvelle hygiène de vie. Il ne faut pas croire non plus que si tout est facile pour nous, cela sera le cas pour quelqu’un d’autre, et vice-versa.

Ainsi, il est utile de savoir mener des entretiens professionnels et de reconnaître des comportements, des mécanismes qui peuvent altérer une réalité et être révélateurs d’un problème que nous ne sommes pas en mesure d’accompagner. Pour cela, il existe des psychologues, et des psychiatres, qui pratiquent chacun avec leurs propres outils selon leur histoire, leur expérience, leurs compétences, qualités (utiles, évidemment), leur formation universitaire et autres. Soulignons également ici que nous ne pouvons pas tout faire et ainsi, il est nécessaire d’être capable de renvoyer les personnes que nous accompagnons vers d’autres professionnels. Un naturopathe, à l’issue de sa formation et qui démarre son activité, ne va peut-être, pas dans l’immédiat, devenir un professionnel des outils de la psychothérapie. Seulement, si le naturopathe a été jusqu’au bout de sa formation, il connaît précisément les limites de l’accompagnement auxquelles il peut faire face, mais, en tout état de cause, il reconnaît également quelles sont ses compétences et celles qu’il ne possède pas.

Accompagner est donc un véritable métier.

Il est parfois extrêmement pernicieux pour l’autre, comme pour soi-même, de ne pas être capable de reconnaître que nous ne sommes pas légitimes à accompagner quelqu’un. Nous avons une énorme responsabilité en accompagnant l’autre : ne pas déplacer son problème ailleurs et ne pas lui faire croire des choses. S’adapter à son rythme, lui rendre son autonomie et ne pas s’attacher à celui-ci : ne pas confondre l’affect et l’empathie. C’est pourquoi, j’invite tous les « nouveaux accompagnants » à se faire suivre par des thérapeutes formés aux outils de la psychothérapie en parallèle ; et aussi à se former véritablement, cela veut donc dire : obtenir des diplômes qu’ils rejettent souvent (pourquoi d’ailleurs ? Question que je les invite à se poser). Quant aux personnes qui ont besoin de se faire accompagner pour un problème de santé ou tout autre besoin : prenez le temps de vous renseigner sur les formations des personnes qui vous accompagnent et du temps qu’elles ont consacrées à celles-ci. Accompagner une personne est un métier qui ne s’invente pas et qui ne s’exerce pas seulement avec du bon sens et de l’intuition.

Développer ses potentiels et être professionnel, c’est d’abord passer par toutes ces expériences et sortir de ses croyances, tout le monde en est capable. Reste à savoir pourquoi cela n’est peut-être pas simple pour soi et pourquoi certaines personnes se mettent tant de freins.

Un grand merci à toi de m’avoir lue jusque là, n’hésite pas à partager cet article pour rendre le blog plus visible.

Je te remercie et je t’embrasse chaleureusement.

Alexandra

[1] Alfonso Caycedo est le fondateur de la sophrologie. Certaines écoles suivent ses préceptes, d’autres pas ou presque pas.

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